Où sont-ils, ceux qui te catégorisaient ? (la femme "adultère")
LECTURES
Esaïe 43.16, 18-20
16 Autrefois, le SEIGNEUR a ouvert un chemin dans la mer,une route à travers l’eau puissante.(...)
18 Maintenant, le SEIGNEUR dit :« Ne pensez plus à ce qui est déjà arrivé,oubliez le passé. 19 En effet, je vais faire quelque chose de nouveau,qui grandit déjà.Est-ce que vous ne le voyez pas ?Oui, je vais ouvrir un chemin dans le désert,je vais faire couler des fleuves dans ce lieu sec. 20Les animaux sauvages, les chacals,les autruches... me rendront honneur car j’ai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans ce lieu sec.
Oui, je veux donner à boire au peuple que j’ai choisi.
18 Maintenant, le SEIGNEUR dit :« Ne pensez plus à ce qui est déjà arrivé,oubliez le passé. 19 En effet, je vais faire quelque chose de nouveau,qui grandit déjà.Est-ce que vous ne le voyez pas ?Oui, je vais ouvrir un chemin dans le désert,je vais faire couler des fleuves dans ce lieu sec. 20Les animaux sauvages, les chacals,les autruches... me rendront honneur car j’ai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans ce lieu sec.
Oui, je veux donner à boire au peuple que j’ai choisi.
1Jésus
 se rendit au mont des Oliviers. 2Mais dès le matin, il retourna au 
temple, et tout le peuple vint à lui. S’étant assis, il les instruisait.
3Alors
 les scribes et les pharisiens amènent une femme surprise en adultère, 
la placent au milieu 4et lui disent : Maître, cette femme a été surprise
 en flagrant délit d’adultère. 5Moïse, dans la loi, nous a ordonné de 
lapider de telles femmes : toi, donc, que dis-tu ? 6Ils disaient cela 
pour le mettre à
 l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus se baissa et se mit à 
écrire avec le doigt sur la terre. 7Comme ils continuaient à 
l’interroger, il se redressa et leur dit : Que celui de vous qui est 
sans péché lui jette le premier une pierre ! 8De nouveau il se baissa et
 se mit à écrire sur la terre. 9Quand ils entendirent cela, ils se 
retirèrent un à un, à commencer par les plus âgés. Et il resta seul avec
 la femme qui était là, au milieu. 10Alors Jésus se redressa et lui 
dit : Eh bien, femme, où sont-ils passés ceux qui t'accusaient ? 
Personne ne t’a donc condamnée ? 11Elle répondit : Personne, Seigneur. 
Jésus dit : Moi non plus, je ne te condamne pas ; va, et désormais ne 
pèche plus.
PRÉDICATION
D'abord, il faut entendre ce texte avec l'esprit d'une des phrases du texte d'Esaïe qui a été lu en première
 lecture, cette prophétie :
En
 effet, je vais faire quelque chose de nouveau,qui grandit déjà. Est-ce 
que vous ne le voyez pas ? Oui, je vais ouvrir un chemin dans le désert,
 je vais faire couler des fleuves dans ce lieu sec.
Dans le désert de l'application aveugle d'une loi, surgit  un petit ruisseau,
 qui désigne un chemin, qui deviendra le lit d'un fleuve qui va tout irriguer.
Nous allons voir ce matin comment ce lit va se creuser pour faire venir jusqu'à nous irriguer, nous.
Nous
 aurons trois temps. Le premier pour passer une petite revue amusante de
 quelques uns des commentaires qui ont pu être dits sur ce récit. Tous 
ces commentaires seront comme un tamis. A la manière des chercheurs 
d'or, nous chercherons  dans ce récit les pépites évangéliques .  Peut-être qu'un de ces commentaires va refléter une véritable pépite nouvelle. Et nous
 en trouverons une. Cette découverte prendra la forme d'un nouvel outil.
 Oui, un outil pour creuser, pour creuser ce petit filet d'eau pour 
qu'il devienne le véritable lit d'un fleuve. Et dans un troisième
 temps, nous constaterons le résultat. Nous n'y sommes pas invités, mais
 comme des espions invisibles, nous nous infiltrerons dans cette 
conversation, entre Jésus et la femme, seule à seul. Cette femme, dont nous comprendrons qu'il n'aurait jamais fallu, et qu'il ne faudra jamais l’appeler "l'adultère".
Alors, oui, dans un premier temps, penchons-nous sur ce petit filet d'eau et agitons notre tamis et regardons ce qui y apparait, depuis tout ce
 temps où ce récit
 est commenté.
On a dit que Jésus
 n'a pas voulu faire condamner cette femme car les conditions n'étaient pas requises - où sont les témoins dignes de foi ? Pourquoi il n'y a pas l'homme, qui lui aussi devrait-être selon la loi, lapidé ?
Aidé
 de ces questions, la prédication tournera autour du fait que la femme 
n'était pas vraiment coupable et que donc Jésus relève le vice de 
procédure et ce faisant sauve la
 femme. Mais c'est insidieux. Cela sous-entend
 que s'il avait été établi qu'elle était
 vraiment coupable, l'attitude de Jésus aurait dû être différente. Ah! 
L'inconscient des rédacteurs masculins quand il a à faire à ce 
célébrissime récit.
Un autre type de prédication part du fait avéré
 que ce récit a été incorporé dans
 l'évangile de Jean mais qu'en fait il a été écrit par l'évangéliste 
Luc. Ce qui vous en conviendrait, ne dit pas grand chose à 99 pc de la 
population. ! Qu'à cela ne tienne, cela permet, puisque l'évangile de Luc est celui qui valorise le plus les femmes, de faire une prédication féministe. Pourquoi pas ? Mais qu'est que ça apporte ? Ce qu'on veut entendre nous, c'est l'évangile, c'est que l'on souhaite, c'est trouver des pépites. Nouvelles.
Une
 énorme série de prédications se passionne sur le fait que Jésus par 
deux fois, se baisse pour écrire sur le sable. Que n'avait-il pas fait 
là ! A t-il écrit une nouvelle loi ? Mais une loi sur le sable, une loi 
qui n'est pas immuable, une loi réinscriptible. Outre le fait qu'il 
s'agirait plus de terre que de sable, ça
 n'avance pas à grand chose. Qu'écrit-il sur le sable ? Je n'en sais 
rien. A tout le moins, il peut s'agir d'un choix d'attitude qui déroute 
ses interlocuteurs. Et aussi, il faut en convenir, les lecteurs. 
Qu'écrivait il sur la terre ? Le mystère restera entier jusqu'à l’avènement du règne !
Et puis tout le monde relève que les plus âgés partent les premiers. Mais est-il
 besoin de faire une prédication entière sur cet argument très 
contestable qui dit que plus on est âgé, plus on est pécheur, et que 
plus on se reconnait comme pécheur, plus on est sage ? Et alors ?
Et puis pour clore la liste des  prédications qui finalement prennent en otage le texte ( ce que
 je ne critique pas, car dans dans mon parcours, moi aussi, j'ai pu 
abonder dans tel ou telle direction) , on peut citer l'abondance de 
commentaires faisant de ce texte un manuel de lutte non-violente. Bien.
Je ne vais pas aujourd'hui contester toute cette liste, qui obéit 
 à un genre qui s'appelle "l'explication". Je prends juste le premier 
argument qui parle d'un vice de procédure.
 Peut-être. Mais ça n'empêche pas qu'à la fin, quand tout le monde est 
parti, quand tout ce cirque est terminé, Jésus dise à cette femme : va et ne pêche plus. C'est
 donc bien que selon Jésus, elle était pécheresse. Malgré un éventuel 
vice de procédure, elle avait enfreint la loi de Moïse, elle avait été 
adultère, elle n'était pas innocente... Ce qui signifie que Jésus, en pleine connaissance de cause, a permis que la loi ne s'applique pas. Ça signifie donc littéralement que Jésus a enfreint consciemment la loi de Moïse. 
Il ne sert à rien d'attenuer l'acte de cette femme. Plus on l'attenue, moins on réalise la portée de l'action de Jésus dans ce récit.
Il ne sert à rien d'attenuer l'acte de cette femme. Plus on l'attenue, moins on réalise la portée de l'action de Jésus dans ce récit.
Oui, je vais ouvrir un chemin dans le désert, dans le désert des coeurs,
 dans le désert de la loi.
Certes,
 Jésus ne prend pas le risque de dire "il ne faut pas lapider de telles 
femmes", comme le suggère les scribes et les pharisiens en lui tendant 
leur piège grossier. Il répond avec sa fameuse réplique "que celui qui 
n'a jamais péché lui jette le premier la pierre".
Parlons un peu de cette phrase. Cela nous permettra de trouver la première pépite.
"que celui qui n'a jamais péché lui jette le
 premier la pierre". Ça
 fait réfléchir. Par exemple au fait que ceux qui jugent le moins les 
autres sont ceux qui ont le plus de capacité à se juger consciemment eux
 mêmes.
Très belle phrase, mais j'estime que nous avons trop tendance à nous focaliser
 sur celle-ci. Si j'imagine que ce récit ait pu témoigner d'un événement
 réel, j'ai du mal à croire que ces paroles aient pu être d'une telle
 efficacité. Imaginez.
Cris, passions, meute. Une femme. Une traînée. La honte. Des hommes. Instinct grégaire. L’anonymat. La Loi pour soi, cette loi qui ne dit pas en fait qu'il faudrait  être sans péché pour lapider. 
J'imagine une pierre voler. Et un instant de silence.
Et l'horreur.
J'imagine une pierre voler. Et un instant de silence.
Et l'horreur.
Oui, je trouve que sur le papier la remarque de Jésus est formidable. Mais peu crédible. A moins que.
A moins que celui qui profère ces paroles soit d'une autorité
 telle que ce soit  cette autorité qui créé la débandade de tous ces spectateurs qui s’apprêtaient à devenir les acteurs de ce maléfice... et pas uniquement les mots. 
C'est comme ça que je le vois. C'est son autorité qui agit pas le contenu de ces paroles .
Imaginez vous à la place de Jésus et proférant ces belles paroles "que celui qui n'a jamais péché". Nul doute que la première pierre aurait été.. pour vous.
Peut-être oui, que celui ci était d'une autorité extraordinaire.
A croire qu'il était empli du souffle divin.
C'est comme ça que je le vois. C'est son autorité qui agit pas le contenu de ces paroles .
Imaginez vous à la place de Jésus et proférant ces belles paroles "que celui qui n'a jamais péché". Nul doute que la première pierre aurait été.. pour vous.
Peut-être oui, que celui ci était d'une autorité extraordinaire.
A croire qu'il était empli du souffle divin.
C'est
 la première bonne nouvelle de ce texte pour nous tous ce matin : nous 
amener à prendre en compte l'autorité, venue de l'Esprit de Dieu qui 
dans une situation aussi piégeante 
 que celle ci, nous aidera, vous aidera à briser la fatalité qui 
pourrait
 vous ensevelir. Il faut que nous chrétiens  soyons capables de laisser 
couler cette autorité en nous, de la laisser s'activer quand nous serons
 confrontés à une situation où il n'y aura que cette
 autorité qui va provoquer la délivrance, le secours, l'issue. 
Cette autorité, cette force, nous pouvons la recevoir de Dieu. Au moment favorable, quand elle sera nécessaire. Elle ne se transformera jamais en violence, ou en force aveugle. Elle ne sera jamais notre bien, elle sera notre possibilité de ne pas laisser faire, la meute, l'injustice, le mal.
Cette autorité, cette force, nous pouvons la recevoir de Dieu. Au moment favorable, quand elle sera nécessaire. Elle ne se transformera jamais en violence, ou en force aveugle. Elle ne sera jamais notre bien, elle sera notre possibilité de ne pas laisser faire, la meute, l'injustice, le mal.
Laissons passer l'autorité du souffle de Dieu. Laissons là agir.
Nous
 avons eu en main l'outil pour creuser le lit de ce fleuve qui est allé 
irriguer notre champ, et nous voilà maintenant dans ce bel espace 
désormais irrigué.
Sur cette terre nouvelle, deux personnes, qui parlent. Nous sommes dans la conversation entre Jésus et
 cette femme.Tout le monde est parti. Une conversation qui est une sorte d'ode ironique :
Et il resta seul avec la femme qui était là, au milieu. Au milieu de quoi d'ailleurs car ils sont tous partis, mais là n'est pas encore l'ironie.
On dirait qu'il se réveille après une longue sieste.
Personne ne t’a donc condamnée ?
C'est une douce ironie.
J'ai toujours vu à ce moment là l'immense sourire de cette
 femme. Le plus beau sourire de la Bible, qui pourtant n'est pas écrit.
Jésus dit : Moi non plus, je ne te condamne pas ;
J'aurais pu le faire, parce que, entre nous, je le sais, tu as été réellement adultère.
Mais
 ce qui est étonnant c'est ce mot grec qui désigne l'accusation. C'est 
un verbe qui a donné en français le mot "catégoriser". Cette évolution 
sémantique est très surprenante . Ça me donne envie de garder cette évolution sémantique pour faire une traduction fausse, mais troublante.
Où sont-ils, ceux qui t'ont catégorisée ?
Et
 il resta seul avec la femme qui était là, au milieu. 10Alors Jésus se 
redressa et lui dit : Eh bien, femme, où sont-ils passés ceux qui t'ont 
catégorisée [tes accusateurs] ? 
Extrapolation :
Personne ne t’a donc catégorisée ? 11Elle répondit : Personne, Seigneur. Jésus dit : Moi non plus, je ne te catégorise pas ;
Certes,
 tu as été surprise en flagrant délit d'adultère, mais en fait, je 
trouve que ça ne suffit pas pour te faire entrer dans la catégorie 
"adultère".
 Ce n'est pas parce que tu as fait quelque chose, que tu "es" cette 
chose. Je ne t'accuse pas, je ne te catégorise pas, je ne veux pas te 
transformer en catégorie abstraite. Tu es quelqu'un qui a commis une 
erreur, tu n'es pas une catégorie. C'est facile de lapider des gens en 
prétendant qu'ils sont des catégories, des sacs finalement, remplis de 
mal. Qu'y a t-il de mal à lapider un sac ? Les gens ne tuent pas des 
personnes, ils croient achever des catégories. Catégoriser, c'est déjà 
condamner. Je n'aime pas les catégories. Ce sont des instruments de 
torture. Il n'y a pas que toi tu sais. Regarde tous ceux qui sont en 
prison, 2000 ans après toi, certes ce ne sont plus des adultères 
(quoique jusqu'en 1975 l'adultère était pénalement punissable
 ...), mais ce sont des voleurs, des violeurs, des assassins, des 
escrocs, des ceci des cela. Des catégories. Ils ont été
 accusés et condamnés car ils sont entrés dans la
 catégorie de ceci ou cela. Moi, je n'oublie pas que ce sont des 
pécheurs. C'est pourquoi, même si la justice des hommes les punit, je ne
 les accuse pas, je ne les condamne donc pas, je ne les catégorise pas. 
Je ne te  t'accuse pas, je ne te catégorise pas. Va. Ne te laisse plus 
accuser, catégoriser... Va, et ne pèche plus.
Nul doute,  si cette dernière parole a été dite avec la même autorité qui a dilapidé la meute, que cette femme, ira, et ne péchera plus !
AMEN 
NB En grec, le mot "KATEGORIA"  désigne l'ACCUSATION.
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