PREDICATION DU 3 MARS 2013- Pilate, la tour qui s'écroule
LUC
13
1En
ce temps-là, quelques personnes vinrent lui raconter ce qui était
arrivé à des Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang à celui
de leurs sacrifices. 2Il leur répondit : Pensez-vous que ces
Galiléens aient été de plus grands pécheurs que tous les autres
Galiléens, parce qu’ils ont souffert de la sorte ? 3Non, je
vous le dis. Mais si vous ne vous convertissez pas, vous disparaîtrez
tous de même. 4Ou encore, ces dix-huit sur qui est tombée la tour
de Siloam et qu’elle a tués, pensez-vous qu’ils aient été plus
coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? 5Non, je
vous le dis. Mais si vous ne vous convertissez pas, vous disparaîtrez
tous pareillement.
PREDICATION
Nous
avons aujourd'hui,
un
tyran sanguinaire, une tour qui s'écroule, des victimes,
on
dirait une litanie de dépêches de l'AFP
mais
au milieu de cette actualité, surgit celui qu'à chaque fois nous
n'attendons pas, qui accomplit ce que j'appelle une protestation. Une
protestation dans le sens ancien, qui a donné le mot protestantisme
: une protestation de l'évangile, par Jésus.
Nous
avons tout ça. Et nous allons nous demander si tout ça a un rapport
avec nous... avec notre mentalité, si en gros cette protestation de
Jésus peut nous atteindre.
Moi?
Et
si dans l'examen de ce passage, nous allions découvrir enfin ce que
veut dire l'évangile ?
...
Voilà
donc un tyran sanguinaire, comme il y en a tant eu.
Protestation de Jésus : Etaient ils plus coupables que les autres ? Non. Et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez de la même façon.
Ensuite, cette tour qui s'écroule. Mal façon ? Problème lié à cette fameuse construction d'aqueduc ? On ne sait pas. Mais dans le balancement de ce texte, c'est plutôt la faute à pas de chance: une catastrophe ordinaire, naturelle. Une tour, ça n'a pas de cerveau, ça n'a pas de folie. Ce n'est rien une tour. Même proche, en l'occurence, d'un bassin d'ablutions rituelles.
Ce n'est rien, mais cela tue. 18 victimes de la tour. Sans doute des gens pieux, qui pratiquaient pieusement leurs ablutions.
Protestation de Jésus : pensez vous qu'ils aient été plus...cette fois il ne dit plus pécheurs, mais "débiteurs", que vos bibles traduisent par "coupables", plus débiteurs que les autres ? Non.
Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez de la même façon.
Alors,
quelle est la nature de cette protestation de Jésus, ou en d'autres
termes, quel est notre évangile, aujourd'hui, notre pain ? De ce
jour ?
Dans
quelle mentalité les contemporains de Jésus vivaient-ils ? Oui, une
mentalité commune, c'est comme une maison commune.
Dans
cette mentalité là, dès qu'il arrivait quelque chose, on cherchait
les coupables.
En
cela, ce n'est pas très différent de notre mentalité.
Mais
la particularité de cette mentalité des contemporains de Jésus
c'est qu'elle permettait de trouver facilement les coupables car
c'était les victimes. Dès lors qu'on était victime, on était
coupable.
Ne
leur jetons pas la première pierre. D'abord parce que c'est un
raisonnement très pratique. Un procédé qui simplifie tout. Tu es
victime ? Tu es donc coupable, parce que manifestement tu as reçu ta
punition.
Ne
leur jetons pas non plus une seconde pierre, car au fond de nous, des
traces de cette mentalité subsiste qu'est
ce que j'ai fait pour mériter ça ?
D'où
la première partie de la protestation de Jésus : pensez vous qu'ils
étaient plus pécheurs, ou plus débiteurs que les autres ? Non.
Ensuite,
- et là c'est une différence: - ils ne faisaient pas la même
distinction que nous entre les catastrophes humaines et les
catastrophes naturelles.
Il
s'agissait pour eux des mêmes expressions, des mêmes échappées
d'un chaos originel qui certes avaient été bien organisé par le
Dieu créateur des origines, mais qui a tendance souvent à sortir de
ses gonds. Et c'est le malheur qui s'abat.
Pour
le dire en peu de mot, dans cette mentalité, il n'y aucune
différence entre les actions d'un tyran et des catastrophes
d'origines non humaines. C'est le même chaos qui s'exprimait (image
de l'explosion d'une bombe atomique).
Dans
cette mentalité là, en réalité, l'univers est menaçant, toujours
suspectible de vous exploser à la figure, sous la forme d'un
massacre des innocents, d'un déluge, d'un tremblement de terre,
d'une lèpre.
Dans
cette mentalité on pousse même le raisonnement en imaginant que les
exactions politiques provoquent par ricochées d'autres catastrophes
- par exemple, la deliquescence des peuples d'Israël et de Juda a
entrainé la catastrophe de l'exil, ou dans un sens différent, la
crucifixion de Jésus déchaîne des tremblements de terre.
Dans
cette mentalité tout est lié.
Il
y a le chaos toujours menaçant de vous entrainer dans une mort
absurde. Et au milieu de ce chaos, l'humain au milieu est invité à
choisir. Pour ne pas être une particule élémentaire et ballotée,
un sac de vie interchangeable dans les générations, ou alors
choisir d'être considéré, choisir que brusquement et j'aime bien
cette expression, choisir que "ça" le regarde. Choisir
d'être considéré par le regard de Dieu, considéré comme autre
chose qu'un sac de vie provisoire et interchangeable. Ou finalement,
tout simplement faire un gigantesque effort, pour choisir, choisir sa
vie.
Voilà
le sens même de cette protestation de Jésus : vous préférez quoi,
mourir de la même façon que ces Galiléens révoltés ou ces
Judéens pieux ? De la même façon. C'est à dire emmêlé dans une
déchainement aveugle d'un chaos originel.
Ou
pas ?
Si
vous vous convertissez dit Jésus à cette foule qui n'a même pas le
temps de demander quoi que ce soit, tant Jésus dans ce récit fait
les questions et les réponses, si vous changez radicalement
d'orientation, de point de vue, de chemin, vous ne serez plus une
poussière baladée par les mouvements du chaos.
Vous
deviendrez des gens qui sous le regard de Dieu ont donné un sens à
leur vie. Et quoi qu'il vous arrivera, vous ne serez pas des êtres
absurdes,
Et
puisque votre vie aura quitté définitivement cette glue, cette pâte
originelle, votre mort elle même ne sera pas une absurdité de plus.
Vivant
de l'évangile, leur dit Jésus, vous ne pouvez pas mourir de la même
façon,
même
si les tyrans se déchainent contre vous
même
si des tours s'écroulent sur vous
même
si des vagues vous emportent,
même
la maladie, même la folie, même la solitude,
même
l'oubli de tous,
rien
ne vous séparera de cette bonne nouvelle que vous avez choisi une
fois pour toute d'implanter dans votre coeur.
Si
vous vous convertissez, leur dit Jésus, c'est à dire, en fonction
des deux exemples, si vous vous allez au-delà de la révolte
mécanique, comme ces Galiléens, au delà de la religiosité
mécanique comme ces 18 judéens, si vous changez radicalement
d'orientation, de point de vue, d'intelligence,
le
chaos originel n'a pas de prise sur vous.
Vous
ne serez pas volatilisés comme ces gens.
vous
êtes sauvés,
C'est
la définition même du salut que nous donne Jésus dans cette
protestation de l'évangile.
A
nous de la méditer, encore et encore, pour arriver à en finir avec
le pacte qui nous lie à la fatalité naturelle, ou religieuse, qui
nous lie à la dette que nous aurions, à la culpabilité qui nous
ronge, qui nous lie à toute notre soif d'explication.
Convertissez
vous dit Jésus, et vous ne périrez pas de la même façon, parce
qu'avant vous aurez choisi le chemin, la vérité et la vie.
AMEN.
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