PREDICATION DU 3 MARS 2013- Pilate, la tour qui s'écroule


LUC 13

1En ce temps-là, quelques personnes vinrent lui raconter ce qui était arrivé à des Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs sacrifices. 2Il leur répondit : Pensez-vous que ces Galiléens aient été de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu’ils ont souffert de la sorte ? 3Non, je vous le dis. Mais si vous ne vous convertissez pas, vous disparaîtrez tous de même. 4Ou encore, ces dix-huit sur qui est tombée la tour de Siloam et qu’elle a tués, pensez-vous qu’ils aient été plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? 5Non, je vous le dis. Mais si vous ne vous convertissez pas, vous disparaîtrez tous pareillement.






PREDICATION

Nous avons aujourd'hui,

un tyran sanguinaire, une tour qui s'écroule, des victimes,

on dirait une litanie de dépêches de l'AFP

mais au milieu de cette actualité, surgit celui qu'à chaque fois nous n'attendons pas, qui accomplit ce que j'appelle une protestation. Une protestation dans le sens ancien, qui a donné le mot protestantisme : une protestation de l'évangile, par Jésus.


Nous avons tout ça. Et nous allons nous demander si tout ça a un rapport avec nous... avec notre mentalité, si en gros cette protestation de Jésus peut nous atteindre.

Moi?

Et si dans l'examen de ce passage, nous allions découvrir enfin ce que veut dire l'évangile ?

...



Voilà donc un tyran sanguinaire, comme il y en a tant eu.


Un jour, Pilate, celui que les évangiles , je ne sais pas vraiment pourquoi, présente par ailleurs comme une sorte de gentil, réquisitionna les fonds du temple - le résultat de l'offrande rituelle, appelé en hébreu le KORBAN pour construire un système d'aqueduc pour Jérusalem. On raconte que les Juifs de Galilée étaient particulièrement exaspérés par cet acte. Ils étaient gouvernés par Hérode Antipas, pas par Ponce Pilate. Par obligation religieuse, ils envoyaient de l'argent au temple, mais leurs contributions étaient maintenant employées au profit de la Judée, et non de la Galilée. Pilate se méfiait des grandes fêtes, quand des Juifs de diverses régions se réunissent au temple. Il fait donc venir une cohorte supplémentaire de soldats dans la capitale. Mais une fois, il prit des précautions supplémentaires en envoyant un grand nombre de soldats romains, habillés comme les gens de l’endroit, avec des bâtons et des poignards cachés sous leurs manteaux, se mêler à la foule. Le jour de la fête, quand la Cour (externe) des Gentils fut bourrée de manifestants réclamant la restitution des fonds du temple, Pilate pouvait observer les activités depuis la forteresse Antonia donnant sur le complexe du temple. Non seulement la foule faisait obstruction au gouvernement romain, mais beaucoup insultaient le gouverneur lui-même. Pilate commanda à la multitude assemblée de se disperser, mais celle-ci refusa. Les insultes continuèrent, plus véhémentes. Finalement, au signal convenu au préalable par Pilate, les soldats attaquèrent. Dans leur ardeur, ils désobéirent aux ordres et battirent des spectateurs innocents aussi bien que les fauteurs de troubles. Beaucoup de gens furent tués par les Romains ou piétinés par la foule qui se précipitait vers les portes de sortie. La sédition fut de courte durée.






Protestation de Jésus : Etaient ils plus coupables que les autres ? Non. Et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez de la même façon.



Ensuite, cette tour qui s'écroule. Mal façon ? Problème lié à cette fameuse construction d'aqueduc ? On ne sait pas. Mais dans le balancement de ce texte, c'est plutôt la faute à pas de chance: une catastrophe ordinaire, naturelle. Une tour, ça n'a pas de cerveau, ça n'a pas de folie. Ce n'est rien une tour. Même proche, en l'occurence, d'un bassin d'ablutions rituelles.
Ce n'est rien, mais cela tue. 18 victimes de la tour. Sans doute des gens pieux, qui pratiquaient pieusement leurs ablutions.



Protestation de Jésus : pensez vous qu'ils aient été plus...cette fois il ne dit plus pécheurs, mais "débiteurs", que vos bibles traduisent par "coupables", plus débiteurs que les autres ? Non.
Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez de la même façon.



Alors, quelle est la nature de cette protestation de Jésus, ou en d'autres termes, quel est notre évangile, aujourd'hui, notre pain ? De ce jour ?

Dans quelle mentalité les contemporains de Jésus vivaient-ils ? Oui, une mentalité commune, c'est comme une maison commune.
Dans cette mentalité là, dès qu'il arrivait quelque chose, on cherchait les coupables.
En cela, ce n'est pas très différent de notre mentalité.

Mais la particularité de cette mentalité des contemporains de Jésus c'est qu'elle permettait de trouver facilement les coupables car c'était les victimes. Dès lors qu'on était victime, on était coupable.
Ne leur jetons pas la première pierre. D'abord parce que c'est un raisonnement très pratique. Un procédé qui simplifie tout. Tu es victime ? Tu es donc coupable, parce que manifestement tu as reçu ta punition.
Ne leur jetons pas non plus une seconde pierre, car au fond de nous, des traces de cette mentalité subsiste qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça ?
D'où la première partie de la protestation de Jésus : pensez vous qu'ils étaient plus pécheurs, ou plus débiteurs que les autres ? Non.
Ensuite, - et là c'est une différence: - ils ne faisaient pas la même distinction que nous entre les catastrophes humaines et les catastrophes naturelles.
Il s'agissait pour eux des mêmes expressions, des mêmes échappées d'un chaos originel qui certes avaient été bien organisé par le Dieu créateur des origines, mais qui a tendance souvent à sortir de ses gonds. Et c'est le malheur qui s'abat.
Pour le dire en peu de mot, dans cette mentalité, il n'y aucune différence entre les actions d'un tyran et des catastrophes d'origines non humaines. C'est le même chaos qui s'exprimait (image de l'explosion d'une bombe atomique).
Dans cette mentalité là, en réalité, l'univers est menaçant, toujours suspectible de vous exploser à la figure, sous la forme d'un massacre des innocents, d'un déluge, d'un tremblement de terre, d'une lèpre.

Dans cette mentalité on pousse même le raisonnement en imaginant que les exactions politiques provoquent par ricochées d'autres catastrophes - par exemple, la deliquescence des peuples d'Israël et de Juda a entrainé la catastrophe de l'exil, ou dans un sens différent, la crucifixion de Jésus déchaîne des tremblements de terre.
Dans cette mentalité tout est lié.
Il y a le chaos toujours menaçant de vous entrainer dans une mort absurde. Et au milieu de ce chaos, l'humain au milieu est invité à choisir. Pour ne pas être une particule élémentaire et ballotée, un sac de vie interchangeable dans les générations, ou alors choisir d'être considéré, choisir que brusquement et j'aime bien cette expression, choisir que "ça" le regarde. Choisir d'être considéré par le regard de Dieu, considéré comme autre chose qu'un sac de vie provisoire et interchangeable. Ou finalement, tout simplement faire un gigantesque effort, pour choisir, choisir sa vie.

Voilà le sens même de cette protestation de Jésus : vous préférez quoi, mourir de la même façon que ces Galiléens révoltés ou ces Judéens pieux ? De la même façon. C'est à dire emmêlé dans une déchainement aveugle d'un chaos originel.
Ou pas ?
Si vous vous convertissez dit Jésus à cette foule qui n'a même pas le temps de demander quoi que ce soit, tant Jésus dans ce récit fait les questions et les réponses, si vous changez radicalement d'orientation, de point de vue, de chemin, vous ne serez plus une poussière baladée par les mouvements du chaos.
Vous deviendrez des gens qui sous le regard de Dieu ont donné un sens à leur vie. Et quoi qu'il vous arrivera, vous ne serez pas des êtres absurdes,

Et puisque votre vie aura quitté définitivement cette glue, cette pâte originelle, votre mort elle même ne sera pas une absurdité de plus.
Vivant de l'évangile, leur dit Jésus, vous ne pouvez pas mourir de la même façon,
même si les tyrans se déchainent contre vous
même si des tours s'écroulent sur vous
même si des vagues vous emportent,
même la maladie, même la folie, même la solitude,
même l'oubli de tous,
rien ne vous séparera de cette bonne nouvelle que vous avez choisi une fois pour toute d'implanter dans votre coeur.
Si vous vous convertissez, leur dit Jésus, c'est à dire, en fonction des deux exemples, si vous vous allez au-delà de la révolte mécanique, comme ces Galiléens, au delà de la religiosité mécanique comme ces 18 judéens, si vous changez radicalement d'orientation, de point de vue, d'intelligence,
le chaos originel n'a pas de prise sur vous.
Vous ne serez pas volatilisés comme ces gens.

vous êtes sauvés,
C'est la définition même du salut que nous donne Jésus dans cette protestation de l'évangile.
A nous de la méditer, encore et encore, pour arriver à en finir avec le pacte qui nous lie à la fatalité naturelle, ou religieuse, qui nous lie à la dette que nous aurions, à la culpabilité qui nous ronge, qui nous lie à toute notre soif d'explication.
Convertissez vous dit Jésus, et vous ne périrez pas de la même façon, parce qu'avant vous aurez choisi le chemin, la vérité et la vie.
AMEN.

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