DESCENDRE A STE GENEVIEVE DES BOIS
Après ma journée de travail paroissial, je suis allé vendredi exercer ma responsabilité de président de consistoire à St Geneviève des Bois, dans le cadre de la visite régulière du Conseil Régional aux paroisses dites locales. La réunion en elle même s'est bien passée: paroisse vraiment chaleureuse, engagée, accueillante et spirituelle. Le reste est du secret professionnel. En revanche, ce qui a entouré cette visite m'a beaucoup marqué.
D'abord, un coup de fil de mon comparse régional qui m'annonce qu'il rebrousse chemin puisque tous les trains ont été suspendus à partir de Bibliothèque François Mitterrand suite à un colis pour une fois véritablement piégé dans la mesure où toutes les personnes de la gare devaient être fouillées pour pouvoir en sortir. Rapide calcul, son arrivée aurait été trop tardive pour la réunion. Je me retrouve donc seul, ce qui est une situation que je n'appréhende jamais, tout en regrettant l'apport qu'il avait préparé et que je ne ferai donc pas.
Auparavant, il m'avait annoncé aussi qu'un cher collègue à nous venait de faire un infarctus, mais qu'il se remettait.
En attendant sur le parking de la gare la personne qui doit me chercher, voici qu'un homme, très bien sapé, d'environ 1m80-85, d'une trentaine d'années et africain, me demande une cigarette pendant que je téléphone en venant juste d'en allumer une.
Je lui donne, et il tente de m'arracher le paquet. D'un geste aussi rapide que le sien, je lui reprend le paquet. Il me dit qu'il voulait simplement voir la marque de mes cigarettes. Je lui énonce la marque. Il fait mine de ne pas comprendre. Je commence à le regarder dans les yeux en ayant la ferme intention de ne jamais le lâcher des yeux jusqu'à la fin de cet événement. Je remarque qu'il tient un joint de marijuana dans sa main, et je conclus aussi qu'il est sous coke, vu son état, visiblement pas cool. Là, il me montre son poing (énorme) me disant qu'il aime bien tuer avec ses mains. Je continue à le fixer. Il me dit : "moi, j'ai la force" , je lui réponds "moi, j'ai autre chose" . Il continue sur ses variations sur le thème "tuerie des gens avec ses mains", et justement, à ce moment là, il me tend la main. Je lui tend la mienne et il tente de me tordre les doigts, mais il n'y arrive pas dans la mesure où je m'échappe de sa prise immédiatement. Là je lui dis : je vais finir ma cigarette (qui s'était presque entièrement consumée toute seule) et "au revoir". Et il s'en va, en hurlant (ou chantant?) dans le hall de la gare.
Je me suis aperçu que je n'avais pas eu peur. J'ignore pourquoi.
Ce qui m'a fait drôle, surtout, c'est qu'à à la fin de mon trajet de retour, je suis sorti à Jussieu, j'ai retrouvé le ballet des étudiants en goguette nocturne, marché tranquillement dans la rue des Arènes, entendu de loin la conversation d'un couple sur des données d'anthropologie, et je me suis encore signifié la pluralité des mondes.
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