PREDICATION DU 6 NOVEMBRE
PSAUME 63
2O Dieu, tu es mon Dieu ;je te cherche, j’ai soif de toi,je soupire après toi,dans une terre desséchée et épuisée, faute d’eau.3Ainsi je te contemple dans le sanctuaire,pour voir ta puissance et ta gloire.4Parce que ta fidélité est meilleure que la vie,mes lèvres font ton éloge.5Ainsi je te bénirai toute ma vie,j’élèverai mes mains en ton nom.6Je serai rassasié comme de graisse et de moelle.Des cris de joie aux lèvres, ma bouche te louera.7Lorsque je me souviens de toi sur mon lit, pendant les veilles de la nuit, je médite sur toi,8car tu es mon secours,et je crie de joie à l’ombre de tes ailes.9Je suis attaché à toi ; ta main droite me soutient.10Mais ceux qui cherchent à me jeter dans la tourmenteront dans les profondeurs de la terre ;11ils seront précipités sur le tranchant de l’épée,ils seront la proie des chacals.12Quant au roi, il se réjouira en Dieu ; quiconque prête serment par lui pourra en être fier, car la bouche des menteurs sera fermée.
PROVERBES 8:12_20, 32 _36
12Moi, la sagesse, j’ai pour demeure l’esprit avisé,je sais trouver la connaissance de la réflexion.13La crainte du SEIGNEUR, c’est détester le mal ;la suffisance, l’orgueil, la voie mauvaise et la bouche perverse, je les déteste.14Le conseil et la raison m’appartiennent ;je suis l’intelligence, la force m’appartient.15C’est par moi que les rois règnent et que les princes légifèrent avec justice ;16c’est par moi que gouvernent les chefs,les nobles, tous les juges de la terre.17Moi, j’aime ceux qui m’aiment,et ceux qui me cherchent me trouvent.18Avec moi il y a richesse et gloire, biens durables et justice.19Mon fruit est meilleur que l’or, que l’or fin,et ce que je rapporte vaut plus que l’argent de choix.20Je marche sur le chemin de la justice,par les sentiers de l’équité,
32Maintenant donc, mes fils, écoutez-moi ;heureux ceux qui gardent mes voies !33Ecoutez l’instruction, et devenez sages ;n’en faites pas peu de cas.34Heureux celui qui m’écoute, qui veille jour après jour à mon seuil,qui monte la garde près des montants de mes portes !35Car celui qui me trouve trouve la vie et obtient la faveur du SEIGNEUR.36Mais celui qui me manque se fait du tort à lui-même ;tous mes ennemis aiment la mort.
MATTHIEU 25 1-13
1Alors le règne des cieux sera comme ces dix vierges qui avaient pris leurs lampes pour aller au-devant du marié. 2Cinq d’entre elles étaient folles, et les cinq autres étaient avisées. 3Les folles, en prenant leur lampe, n’avaient pas pris d’huile avec elles ; 4mais celles qui étaient avisées avaient pris, avec leur lampe, de l’huile dans un récipient. 5Comme le marié tardait, toutes s’assoupirent et s’endormirent. 6Au milieu de la nuit, il y eut un cri : « Voici le marié, sortez à sa rencontre ! » 7Alors toutes ces vierges se réveillèrent et préparèrent leurs lampes. 8Les folles dirent à celles qui étaient avisées : « Donnez-nous de votre huile, nos lampes s’éteignent ! »9Celles qui étaient avisées répondirent : « Il n’y en aurait jamais assez pour nous et pour vous ; allez plutôt vous en acheter chez ceux qui en vendent ! » 10Pendant qu’elles allaient en acheter, le marié arriva ; celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. 11Plus tard, les autres vierges arrivèrent aussi et dirent : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! » 12Mais il répondit : « Amen, je vous le dis, je ne vous connais pas. »
13Veillez donc, puisque vous ne connaissez ni le jour, ni l’heure.
PREDICATION
Le règne des cieux est donc comparable à 10 jeunes filles, dont la traduction habituelle est vierges, et cette possibilité de traduction, dans d'autres textes bien connus a posé pas mal de problèmes, mais ce n'est pas le nôtre aujourd'hui ; des jeunes filles donc. Au nombre de 10 nombre qui représente traditionnellement la totalité : les 10 paroles créatrices dans genèse 1, les 10 paroles de Moise.
C'est étrange cette comparaison de toute l'humanité avec ce dix jeunes filles, une humanité pleine d'avenir, encore immature, voire intacte, un message, à nous qui percevons l'humanité comme extrêmement vieille, avec toutes ses générations, alors qu'en fait, avec un autre regard, nous pourrions percevoir que cette humanité, folle, sage, comme non seulement féminine, mais vierge, et très jeune, et c'est dans cette jeunesse là, cette immaturité là, que Dieu nous parle, car il sait lui que nous ne sommes pas aussi vénérables que nous l'imaginons, il sait que nous sommes dans notre cour de récréation, et c'est cette jeunesse là , qui va au devant du marié, et c'est dans cette jeunesse, qu'une partie de cette humanité là trouvera la porte fermée.
Trois points que je voudrais aborder avec vous ce matin.
LA NUIT.
Je note que cela se passe la nuit, mais rien d'étonnant, le jour pour les hébreux est toujours un jour fictif, et dans ce temps du début du christianisme qui est empli de désir apocalyptique, c'est à dire du désir que le voile se dévoile, le vrai jour, lui, est encore voilé, d'où la nécessité des lampes.
C'EST TROP LONG
Cette parabole décrit aussi un temps d'attente trop long, et désigne déjà une Eglise qui, après les premiers enthousiasmes, commence sans doute à trouver le temps long, et configure des histoires pour ne pas se décourager .
MEFIEZ VOUS DES APPARENCES
Ensuite je remarque dans cette histoire une écriture un peu étrange, qui sans doute va rendre l'interprétation de cette parabole un peu plus ouverte que : les folles se font avoir, les sages gagnent.
Et enfin, nous en tirerons un enseignement de tout cela.
LA NUIT
Oui, la nuit, nous vivons dans la nuit, dit la Bible, le soleil a beau parfois vous éclairer, voire bronzer délicatement votre épiderme, ou vous brûler, ou vous tuer, n’empêche que même ce soleil là brille dans la nuit. Dieu lui même, avant de créer la lumière, vivait dans l'obscurité, et d'ailleurs, même pour tous ceux et celles qui croient en lui, il y est encore, il vit dans un recoin de l'au-delà qui nous échappe totalement et souvent, c'est à tâtons que nous le cherchons, et d'ailleurs, la prière est une façon, je le crois, d'avancer à tâtons vers ce Dieu de bénédiction mais qui semble se cacher. Et généralement, pour prier, nous fermons les yeux . Pourquoi, pour intérioriser davantage ? C'est la raison officielle, mais aussi pour percevoir la réalité de notre demeure et de la demeure de Dieu. Pour percevoir, un peu, de cette obscurité fondamentale.
Pourquoi se cache t il pourquoi demeure t il dans cette obscurité ? Je n'ai aucune réponse à cette question. Et quand je n'ai aucune réponse à des questions, en bon pragmatique, je change l'hypothèse de départ. Il n'est peut être pas certain qu'il se cache, c'est peut-être nous qui le noyons sous de la fausse lumière.
Oui, les humains sont des nomades sur la terre et ils voyagent de nuit, et ce chemin les mènent vers le lever du jour qui est le jour du Seigneur. Si bien qu'il est nécessaire de se munir de lampes, et la meilleure des lampes est la parole du seigneur, comme dit le psaume : "Ta parole est une lampe à mes pieds, Et une lumière sur mon sentier." (Psaumes 119:105)
Quand on n'a pas encore compris cela, que nous sommes dans la nuit, avec des illusions de jour, et que nous sommes appelés vers le vrai jour, nous ne sommes pas encore entré dans la spiritualité biblique profonde qui appelle au milieu de la nuit, l'espérance du jour du Seigneur .
Que nous croyions la nuit éternelle, ou que nous soyions dans le sacre permanent de la lumière, nous ne sommes pas dans la spiritualité biblique profonde. Mais parfois, la nuit, on en a assez, c'est
TROP LONG !
Et c'est donc mon deuxième point en lien avec cette parabole . C'est long n'est-ce pas ? Si nous avons la sensation que notre vie est courte et à mon sens ce n'est pas qu'une sensation, c'est une réalité : elle est réellement courte, malgré le jeu que nous faisons sur les qualités propres à chaque âge, démarche qui tente d'amplifier les étapes,
mais non, elle est courte.
Malgré ça, nous trouvons parfois le temps long, surtout si nous sommes des croyants et que nous espérons quelque chose comme un retour de Dieu, sous n'importe quelle forme, un retour en gloire, en évidence et majesté, ou une concrétisation de ses promesses, quand l'homme aura abandonné tous les tourments qu'il inflige à lui même, et quand il aura enfin compris qu'il existe comme corps, ce dont l'Eglise tente d'être le symbole, parfois pathétique, quand elle valorise la communion et quand elle prêche l'unité de ce corps.
Mais c'est long, le marié n'arrive pas.
Une fois, j'ai attendu, au temple de l'étoile, 3 heures avant que la mariée arrive, si bien que je n'avais plus qu'un quart d'heure pour célébrer ce mariage, puisqu'il y en avait un après, célébré par un collègue, qui piaffait déjà dans les coulisses, voyant l'autre famille, commencer à s'accumuler sur le parvis.
Un quart d'heure, pour une vie, il est possible qu'une bonne partie de la bénédiction soit restée à la porte.
Et mon collègue aurait pu dire, s'adressant à la mariée si elle était encore arrivée 15 minutes plus tard « je ne vous connais pas, désolé ». Mais la métaphore a ses limites, n’empêche que s'il fallait mettre dans la catégorie « folle » ou « avisée » cette jeune mariée je ne sais pas ce que j'aurais choisi. Je ne tape pas trop sur la mariée, le marié lui était déjà arrivé avec une heure de retard.
Le temps est long, en effet pour que Dieu fasse enfin signe et que notre prière principale et commune « que ton règne vienne » se réalise enfin.
Le temps est tellement long que certains ont oublié de continuer à espérer et ils ont finalement commencé à s'habituer à vivre dans cette nuit que finalement on peut éclairer de diverses façons si bien que la plupart des nos coreligionnaires ne croient plus à ce qui pourtant est un des éléments de la dynamique chrétienne: le retour du Seigneur et ils sont obligés s'ils veulent tout de même rester chrétiens, soit de considérer l'évangile de Jésus comme une morale, soit de faire un retour vers une certaine forme de judéo christianisme, qui elle, a le temps long comme tradition et n'a pas subi, comme ces juifs qui sont devenus chrétiens, ce choc qui a voulu précipiter le jour du Seigneur. En suivant cette ligne-là, on se contente pas simplement de la morale du quotidien , mais on se tourne vers la sagesse, qui elle , a le temps, s'appuie sur le temps, travaille le temps et se méfie aussi bien de la morale casuistique comme de la folle espérance .
Comment vivre, dans ce temps que nous avons, avec ce messie qui semble fait pour ne pas venir, pour reprendre l'expression d'un rabbin célèbre un temps.
Donc nous avons le choix, nous pouvons quitter l'espérance, et opter soit pour la transformation de l'évangile en morale, ou, plus subtilement, en sagesse, la sagesse est plus volontaire, quand elle dit dans le proverbe lu par Valérie : celui qui me trouve trouve la vie et obtient la faveur du SEIGNEUR.36Mais celui qui me manque se fait du tort à lui-même ;tous mes ennemis aiment la mort.
Mais nous pouvons aussi faire resurgir en nous, chers frères et sœurs, cette espérance primitive, l'espérance que ce monde humain si complexe, si terrifiant, et tellement notre monde sera un jour révélé tel qu'il est par le retour du Christ. Et si nous ne voulons pas pas adopter les mots des églises des premiers siècles, il serait quand même intéressant pour notre spiritualité d'envisager la fin , non pas la fin du monde, mais la fin de ce monde là, d’espérer voir arriver, comme un voleur dans la nuit, une transformation totale par l'intervention de Dieu.
Et cette parabole des dix jeunes filles semblent avoir pour motif de nous réveiller, nous qui nous serions endormis, du sommeil du désespoir ou du sommeil du juste.
Alors pour parler de cette espérance là, il y a une parabole mais attention, cette parabole est piégée.
MEFIONS NOUS DES APPARENCES
Les sages, pas folles, vous l'avez remarqué, ne veulent pas partager leur huile. C'est quand même étonnant. Etonnant que dans cette urgence, la sagesse consiste à laisser des autres dehors, comme dans un vulgaire dernier round de miss france.
Les avisées : disent « allez plutôt vous en acheter chez ceux qui en vendent ! » On dirait qu'elles les repoussent, car, ne l'oublions pas quand même, ce n'est quand même pas sorcier de s'éclairer à deux avec un même lampe. Y a t-il quelqu'un ici qui oserait voir son voisin démuni d'un recueil et qui oserait penser que oui ben il n'avait qu'à arriver à temps ? Ces vierges sages, ou jeunes filles avisées, commencent sincèrement à me troubler, elles me font plutôt penser aux sœurs de cendrillon.
Et avez vous entendu comment le récit continue ?
10Pendant qu’elles allaient en acheter, le marié arriva. celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. 11Plus tard, les autres vierges arrivèrent aussi et dirent : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! » 12Mais il répondit : « Amen, je vous le dis, je ne vous connais pas. »
13Veillez donc, puisque vous ne connaissez ni le jour, ni l’heure.
La distinction n'est plus entre les folles et les avisées, mais entre celles qui étaient prêtes et celles qui ne l'étaient pas. Le marié arriva pendant qu'elles allaient en acheter. On ne dit pas où. Il est tout à fait possible qu'ils les croisent sur le chemin, et trouve remarquable, qu'après qu'elles se sont fait jeter par les autres elles aient encore de l'énergie d'aller encore chercher de l'huile, dans la nuit. Il est donc vraiment possible que les folles ne l'étaient pas tant que ça, et les avisées pas tant que ça.
Il y a donc dans cette parabole, à cause de l'abandon du clivage folle/pas folles, trois possibilités de lecture
l'officielle mais bizarre : garder tout pour soi quand on a eu la sagesse de faire le plein, car c'est comme ça qu'on entre dans la maison.
Ou alors que la rencontre puisse se faire dans ce moment de panique où l'on sent qu'on n'a plus le temps, quand c'est trop tard.
Ou qu'en fait, fous ou sages, ce ne soit pas le problème, le problème, c'est d'être prêt , prêt déjà à retrouver cette énergie première et vitale du christianisme naissant : l'espérance, pour notre vie, pour notre paroisse, pour soi même, et pour ce monde. La sagesse est multiforme, la folie aussi, Paul parle de la folie de la croix et de sa prédication dans un monde trop sage, l'important est se réveiller et de résister à la douce et ténébreuse torpeur de la désespérance qui transforme l'évangile en un plat froid, sans saveur.
Je compte sur vous, frères et sœurs, pour vous poser la question de votre espérance.
AMEN.
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