PREDICATION 18 et 19 février 2012 Maison Fraternelle et Port Royal PREDICATION 18 et 19 février 2012 Maison Fraternelle et Port Royal

PREDICATION 18 et 19 février 2012 Maison Fraternelle et Port Royal


TEXTES


PSAUME 41

2Heureux celui qui a des égards pour le faible ! Au jour du malheur le SEIGNEUR le délivre ;3le SEIGNEUR le garde et le fait vivre ;il est déclaré heureux sur la terre ;tu ne le livreras pas au désir de ses ennemis.4Le SEIGNEUR le soutient sur son lit de douleur ;tu changes son lit pendant sa maladie.

(silence bref)

5Moi, je dis : SEIGNEUR, fais-moi grâce !Guéris-moi : j’ai péché contre toi.

6Mes ennemis parlent mal de moi :Quand mourra-t-il ? Quand son nom disparaîtra-t-il ?7

Si quelqu’un vient me voir, c’est pour parler faussement ;son cœur amasse le mal ;il sort et il parle au dehors.Tous ceux qui me détestent chuchotent ensemble contre moi ;contre moi, ils préparent mon malheur :c’est la destruction qui fond sur lui !Le voilà couché, il ne se relèvera pas !10 Même mon ami,celui qui avait ma confiance et qui mangeait mon pain, lève le talon contre moi.

11 Mais toi, SEIGNEUR, fais-moi grâce, relève-moi !– Je les paierai de retour.12 A ceci je sais que tu as pris plaisir en moi : c’est que mon ennemi ne lance pas d’acclamation guerrière contre moi.13 Et moi, tu m’as soutenu dans mon intégrité,et tu m’as placé pour toujours devant toi.14 Béni soit le SEIGNEUR, le Dieu d’Israël, depuis toujours et pour toujours !

Qu’il en soit ainsi ! Qu’il en soit ainsi !


Esaïe 43.18-25

18Ne vous rappelez pas le passé,et ne considérez plus ce qui est ancien.

19Je fais du nouveau,dès maintenant cela germe.... vous ne savez pas ?
Je mettrai un chemin dans le désert  et des fleuves dans la terre aride.
20Les animaux sauvages me glorifieront,  les chacals... comme les autruches,
car je mets de l’eau dans le désert, des fleuves dans la terre aride, pour faire boire mon peuple, celui que j’ai choisi.21Le peuple que je me suis façonné dira ma louange.

22Ce n’est pas moi que tu as invoqué, Jacob !Tu t’es fatigué de moi, Israël !23Tu ne m’as pas offert le mouton ou la chèvre de tes holocaustes.Tes sacrifices n’étaient pas à ma gloire ;je ne t’ai pas astreint à un service d’offrandes,et je ne t’ai pas fatigué pour de l’encens.24Tu n’as pas acheté pour moi à prix d’argent du roseau aromatique  et tu ne m’as pas rassasié de la graisse de tes sacrifices ;

mais tu m’as astreint à l’esclavage par tes péchés  

tu m’as fatigué par tes fautes !

.25C’est moi, moi seul, qui de moi-même efface tes transgressions ;

je ne me souviendrai plus de tes péchés.

(silence)

Marc 2.1-12

1 Quelques jours après, il revint à Capharnaüm. On apprit qu’il était à la maison, 2 et il se rassembla un si grand nombre de gens qu’il n’y avait plus de place, même devant la porte. Il leur disait la Parole. 3 On vient lui amener un paralytique porté par quatre hommes.4 Comme ils ne pouvaient pas l’amener jusqu’à lui, à cause de la foule, ils découvrirent le toit en terrasse au-dessus de l’endroit où il se tenait et y firent une ouverture, par laquelle ils descendent le grabat où le paralytique était couché. 5 Voyant leur foi, Jésus dit au paralytique : Mon enfant, tes péchés sont pardonnés. 6 Il y avait là quelques scribes, assis, qui tenaient ce raisonnement : 7 Pourquoi parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui peut pardonner les péchés, sinon un seul, Dieu ? 8J ésus connut aussitôt, par son esprit, les raisonnements qu’ils tenaient ; il leur dit : Pourquoi tenez-vous de tels raisonnements ? 9 Qu’est-ce qui est le plus facile, de dire au paralytique : « Tes péchés sont pardonnés », 
ou de dire :
 « Lève-toi, prends ton grabat et marche ! » 
10 Eh bien, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a l’autorité pour pardonner les péchés sur la terre – il dit au paralytique : 11 Je te le dis, lève-toi, prends ton grabat et retourne chez toi. 12 L’homme se leva, prit aussitôt son grabat et sortit devant tout le monde, de sorte que, stupéfaits, tous glorifiaient Dieu en disant : Nous n’avons jamais rien vu de pareil !





PREDICATION 

Et vous, avez vous jamais rien vu de pareil ?
Y a t il quelque chose , récemment dans votre vie qui vous a fait dire : c'est nouveau ?

Peut-être ce culte, si vous y participer pour la première fois. Evidemment, si de cette voûte surgissaient quatre personnes portant un brancard avec un paralytique, en grec comme en français, quelqu'un de délié d'un côté, c'est à dire dont une partie du corps n'est plus relié au reste, vous diriez, tiens c'est nouveau. Encore que vous pourriez dire « j'ai déjà vu ça dans l'évangile de Marc... »

Mais en général, l'idée reçue que nous avons en tête, c'est ce leitmotiv d'un autre livre biblique. L’ecclésiaste qui nous dit « rien de nouveau sous le soleil ». Je précise qu'une étude fine de ce texte montre que cette affirmation est contredite dans le livre lui même.

Rien ne m'étonne, disent les gens. Rien ne m'étonne plus, redisent-ils.

Or, ce qui brille dans chacune des démonstrations d'alliance qui parcourent notre Bible c'est la nouveauté. Réécoutons ce que dit Esaïe :

18Ne vous rappelez pas le passé, dit Esaië, et ne considérez plus ce qui est ancien.

19Je fais du nouveau,dès maintenant cela germe.... vous ne savez pas ?


Ce n'est pas le seul exemple, bien évidemment. Les chrétiens sont allés plus loin, en baptisant l'alliance vécue au travers de leur Christ, la nouvelle alliance, ce qui a donné un livre, le nouveau testament, qui signifie en fait, nouvelle alliance, nouveau pacte.


Je fais du nouveau, vous ne le savez pas ?

L'évangile de Jean rapporte cette parole bien connue de Jésus : « je vous donne un commandement nouveau, aimez vous les uns les autres ».

Mais pour nous, ce n'est pas nouveau. Pour nous, rien de nouveau sous le soleil. De plus nous vivons dans un temps où la communication et la publicité , la communication politique, de l'homme nouveau à l'ordre nouveau, ont tellement ressassé cette thématique du nouveau, que ce n'est plus crédible.

Pourtant, si nous partons d'un point de vue purement pragmatique, historique, on ne peut que constater que ce nouveau pacte, au premier siècle de notre ère, a suscité un tel engouement, que l'hypothèse que c'était véritablement nouveau peut être envisagée. Si nous ne faisons que regarder les textes, certes, nous pouvons voir toutes les lignes de continuité, mais si nous considérons l'impact que cela a eu, nous ne pouvons qu'être invités à y regarder de plus près.

Le texte de Marc mêle deux récits. Celui de la guérison du paralytique, et celui d'une controverse avec les scribes,sur le thème du pardon des péchés.

Les scribes reprochent à Jésus de se prendre pour Dieu qui seul pardonne les péchés. Notons que Jésus n'a pas dit « je te pardonne tes péchés », mais : tes péchés sont pardonnés ». Les scribes détournent de façon perverse ce que l'adversaire dit afin de le condamner. Mais ce qu'il y a de nouveau, ici, ce n'est pas spécialement qu'une personne soit enfin reliée avec elle même, car après tout, cela peut arriver. Une guérison, ce n'est pas nouveau. Qu'est ce qui est le plus facile, dire tes pêchés sont pardonnés, ou « leve toi et marche ». La réponse est les deux. Dire c'est facile. Mais faire les deux, là, c'est nouveau.


La nouveauté ici, c'est qu'il devient possible que les péchés de quelqu'un soient réellement pardonnés, que la dette de quelqu'un lui soit réellement remise. Je sais que cette idée ne vous frappe encore, mais peut être que nous allons y venir.

Les scribes avec leur sagesse consistant à dire que seul Dieu peut remettre les péchés , représentent en fait l'ordre ancien où en fait, la dette de quelqu'un n'est en fait jamais remise. Jésus comme eux croient que seul Dieu peut remettre cette dette, mais à la différence des scribes, avec lui ça se passe et ça se matérialise par un homme, qui troue une toiture comme s'il descendait du ciel, et qui repart chez lui en marchant, pour faire partie d'une nuée de témoins gonflés à bloc parmi lesquels il y a eu des écrivains, dont Marc.
Quand cette dette est remise, c'est la culpabilité insensée qui va avec qui est enlevée : la culpabilité dans ce temps là, c'était d'être malade, pauvre, lépreux, femme, considéré comme pécheur. Enlever cette culpabilité sur laquelle se fondait les institutions de cette époque, ça, ce n'était pas facile.

Dans quelle économie vivaient les gens de cette époque ? Et bien ils vivaient dans ce que certains pourraient aujourd'hui appeler «  l'économie de la haine ». La haine de soi, la haine des autres, la méfiance entre tous.
Une économie où en réalité, la bonté, le pardon ne pouvaient pas s'exprimer, où elles étaient censurées. Où il était impossible, par exemple pour Jésus, de prendre des repas avec des publicains !
Une économie, une société régulée par la puissance romaine, son armée, ses impôts, son commerce, régulée en sous couche par une autre superstructure qui étaient le pouvoir religieux où la méfiance entre groupes était devenue la façon commune de vivre, une économie, une sociéét où des prophètes apocalyptiques allaient et venaient en faisant peur au peuple.

L'évangile surgit dans cette économie, où plus rien de bon n'est possible, où tout est fermé, clivé.
où on renvoyait à Dieu le pardon, et simultanément Dieu au filtre de l'interprétation des scribes, ce pardon devient actif. Et cette nouveauté là a été non seulement crue, mais vue, perçue, comprise, pratiquée et s'est propagée comme un incendie.

« Nous n'avons jamais rien vu de pareil ». Ce n'est pas une figure de style, une pub, un mensonge de plus. C'est juste un témoignage de l’événement de l'évangile dans un monde cadenassé dans l'économie sophistiquée de la haine et de la méfiance. Cette économie avait ses gardiens officiels ou officieux qui étaient là pour empêcher l'incendie de la nouveauté de se déclarer. Des gardiens instillant que cette économie là, était la seule réalité possible.

Mais oui , à cette époque , dans ce monde par un concours de circonstances on va dire gracieux, l'évangile, la bonne nouvelle de Dieu qui n'en pouvait plus de rester séparé de sa création, de rester rapetissé dans des paroles qui ne faisaient que l'empêcher, cet évangile a frappé par sa nouveauté, et des gens se sont engouffrés dans cette brèche pour respirer un air pur, en se disant : ah mais peut être que je tout n'est pas aussi moche !

Alors, comme disent les prédicateurs, et aujourd'hui ?

Et bien aujourd'hui, c'est pareil. Si nous restons à nous contenter de regarder les paroles évangéliques en nous morfondant du fait qu'elles semblent inapplicables « je vous donne un commandement nouveau, aimez vous les uns les autres » parce que nous constatons qu'à chaque fois, ces belles paroles sont perverties, et bien nous restons dans l'entourage des scribes de ce récit. Nous participons à ce principe de fatalité et de fausse réalité.

Si nous ne percevons pas que nous aussi, en réalité, nous vivons dans cette même économie de la haine, où tout est fait pour censurer tout ce qui peut sortir de bon de nous, où la méfiance est la règle, où toute forme de valorisation passe par l'argent, où le slogan a remplacé la pensée, où la croyance règne qu'aucune dette ne peut jamais être remise, où la confiant est appelé naïf qui veut dire idiot, nous ne verrons en effet jamais rien de nouveau.
Et cet évangile – qui dit simplement que chaque fois que Dieu vient se frayer un chemin, c'est une bouffée de nouveauté qui nous atteint – cet évangile restera planqué, étouffé dans la foule, et notre corps social restera à jamais délié de lui même.

C'est pour cela que l'évangile ne s'explique pas, y compris avec toute l'exégèse possible. Tes péchés sont pardonnés, ça ne s'explique pas. Mais il suffit peut être d'imaginer ce que se serait de vivre la réalité que tous nos manquements , nos erreurs, nos fautes, les ornières dans lesquelles nous sommes tombées, tout ces entrelacs où la responsabilité est forcément partagée avec d'autres, il suffit peut être d'imaginer la nouveauté que ce serait pour nous, si toute cette dette là, qui représente en fait le poids que prend la vie, étaient effacée, toute cette culpabilité, nous était enlevée. Pour laisser la place, non pas au vide, mais à la responsabilité consentie d'imaginer l'espoir décuplé que produirait cette annonce pour la société entière, ce monde ci, après avoir évoqué ce monde dont l'actualité ne parle que de dette, d'imaginer toute cette économie de la haine se fissurer pour laisser la place à cette bonne part que Dieu a créée en nous. Imaginer cela, cet espoir là, nous fait déjà respirer mieux. Et bien, c'est cela la nouveauté évangélique. Ce n'est pas une croyance. C'est la réalité d'un changement profond. Si déjà, nous pouvons la percevoir dans nos cœurs, c'est déjà ça. Ensuite, il ne faut pas renoncer. AMEN.

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