TEXTES ET PREDICATION DU 5 FEVRIER 2012 Temple de Port Royal.


1) TEXTES ET  PREDICATION DU 5 FEVRIER  2012 TEMPLE DE PORT ROYAL 


Psaume 147

1Louez le SEIGNEUR !Car il est bon de chanter notre Dieu,il est doux et beau de le louer.2Le SEIGNEUR rebâtit Jérusalem,il rassemble les bannis d’Israël ;3il guérit ceux qui ont le cœur briséet panse leurs blessures.4Il compte le nombre des étoiles,il les appelle toutes par leur nom.5Notre Seigneur est grand, d’une force immense,son intelligence n’a pas de limite.6Le SEIGNEUR soutient les pauvres,il abaisse les méchants jusqu’à terre.7Entonnez un chœur pour le SEIGNEUR avec reconnaissance,jouez de la lyre pour notre Dieu !8Il couvre le ciel de nuages,il prépare la pluie pour la terre ;il fait pousser l’herbe dans les montagnes.9Il donne leur nourriture aux bêtes,aux petits du corbeau quand ils crient.10Ce n’est pas dans la vigueur du cheval qu’il se complaît,ce n’est pas la robustesse de l’homme qu’il agrée ;11le SEIGNEUR agrée ceux qui le craignent,ceux qui attendent sa fidélité.12Jérusalem, fais l’éloge du SEIGNEUR !Sion, loue ton Dieu !13Car il renforce les verrous de tes portes,il bénit tes fils en ton sein ;14il instaure la paix dans ton territoire,il te rassasie du meilleur froment.15Il envoie ses ordres sur la terre :sa parole court avec rapidité.16Il donne la neige comme de la laine,il répand le givre comme de la cendre ;17il lance sa glace par morceaux ;qui peut tenir devant son froid ?18Il envoie sa parole et les fait fondre ;il souffle le vent, et les eaux coulent.19Il révèle ses paroles à Jacob,ses prescriptions et ses règles à Israël ;20il n’a pas agi de même pour toutes les nations ;elles ne connaissent pas ses règles.Louez le SEIGNEUR  !

Job 7.1-7

1Le sort de l’homme sur la terre n’est-il pas celui d’un soldat,et ses jours ceux d’un salarié ?2Comme l’esclave aspire à l’ombre,comme le salarié espère sa paye,3moi, j’ai pour patrimoine des mois de malheur,j’ai pour mon compte des nuits de peine.4Lorsque je me couche, je dis :Quand me lèverai-je ?Le soir se prolonge,et je suis rassasié d’agitation jusqu’à l’aube.5Mon corps se couvre de vers et d’une croûte terreuse,ma peau se crevasse et se décompose.6Mes jours sont plus rapides que la navette du tisserand ;ils s’achèvent : plus d’espoir !7Souviens-toi que ma vie est un souffle !Mes yeux ne reverront pas le bonheur.

1 Corinthiens 9.16-23

16En effet, annoncer la bonne nouvelle n’est pas pour moi un motif de fierté, car la nécessité m’en est imposée ; quel malheur pour moi, en effet, si je n’annonçais pas la bonne nouvelle ! 17Si je le faisais de mon propre gré, j’aurais un salaire ; mais si je le fais malgré moi, c’est une intendance qui m’est confiée. 18Quel est donc mon salaire ? C’est d’offrir gratuitement la bonne nouvelle que j’annonce, sans user réellement du droit que cette bonne nouvelle me donne.

19Car, bien que je sois libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous, afin de gagner le plus grand nombre. 20Avec les Juifs, j’ai été comme un Juif, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi, comme quelqu’un qui est sous la loi, afin de gagner ceux qui sont sous la loi – et pourtant moi-même je ne suis pas sous la loi ; 21avec les sans-loi, comme un sans-loi, afin de gagner les sans-loi – et pourtant je ne suis pas un sans-loi pour Dieu, je suis lié par la loi du Christ. 22J’ai été faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver de toute manière quelques-uns. 23Et tout cela, je le fais à cause de la bonne nouvelle, afin d’y avoir part.





PREDICATION


Le comité oecuménique qui choisit les propositions de textes du jour pouvait s'imaginer qu'en février il ferait froid, néanmoins, pour aujourd'hui, cette phrase du Psaume 147 « qui peut tenir devant son froid ? » est particulièrement pertinente.
« qui peut tenir devant son froid ? »La réponse est « nous » donc, le temps d'un culte, avec cette particulière intimité due au froid justement. Bienvenus. Réchauffons nos cœurs avec la Parole du Seigneur !


Les trois passages qui ont été lus par Gilles Martin ont été assemblés avec une intention autre que de simplement nous révéler qu'en février, sous nos latitudes, il peut faire froid.

Le premier passage, Le Psaume parle de la grandeur sans limite de Dieu, face à l'humain. L'humain, qu'il le veuille ou non, a ses limites, comme Job, Job que nous avons retrouvé aujourd'hui cueilli au fond de sa détresse.
Le conte en prose qui encadre l'immense poème de Job, nous raconte finalement que Job retrouvera le bonheur. Mais il ne le retrouvera pas n'importe comment.
Ca passera d'abord par un face à face avec ce Dieu infini, le dieu de la création.
Ca lui claquera le bec. Le désir de Job, qu'il croyait infini, propre donc à rivaliser avec Dieu, se fondra dans la contemplation, et le silence.
Il découvrira ses limites. Et , oui, par la grâce de Dieu qui s'est manifestée à lui, retrouvera le bonheur.

Mais pour l'instant, dans l'instant de l'extrait choisi, il touche le fond. Ses biens sa famille, ses enfants, sa peau, ont été réduits à néant.

Ce que nous disent, déjà, ces deux premiers passages bibliques, c'est que , face à la grandeur infinie de Dieu, et sans la révélation de sa grâce, il n'y a que le désespoir de n'être rien, ou pas grand-chose.

Si l'on n'avait que ces deux passages, il ferait vraiment froid !.

Mais Job, est un héros. C'est le thème de cette prédication.
Job même au fond de sa souffrance, se croit infini.
Puisqu'il est l'auteur des paroles qu'il profère, pendant 42 chapitres, il devient son propre univers. Par sa douleur, il se croit le centre.
Désormais seul, il se met à hanter son univers de solitude. Il souffre, d'une injustice réelle, mais d'une certaine manière, plus sa souffrance s'exprime, plus il devient la figure du héros.
Il veut se confronter à Dieu, le seul interlocuteur valable, pour lui. Car si vous lisez le livre de Job, vous constaterez les diverses façons qu'il a de balayer ses amis, ses faux ses vrais faux amis.

Mais être le centre, c'est une illusion, et Job,ne le sait pas encore. Il le sent néanmoins. Ce qui rend son désespoir encore plus profond, vertigineux, et son héroïsme encore plus brillant.

Le troisième passage , écrit ou plutôt dicté par Paul, l'apôtre, dans la première lettre aux Corinthiens nous révèle la sortie de l'impasse, et nous révèle une autre façon d'être un héros. Comment ?

Par la mission. La mission qui est la nôtre, y compris nous petit comité de ce matin, comme des réfugiés dans ce Temple, ce havre, notre maison commune, où nous venons puiser des forces pour résister et pas qu'au froid. La mission d'annoncer la bonne nouvelle. Une mission héroïque. Mais, sans la vanité qui finit toujours par coller au basques du héros traditionnel, dont Job est une des figures.

Non seulement la grâce, qui nous sort de l'impasse,

mais la proclamation de cette grâce . Pas qu'une réception. Mais aussi une action.

Ce thème du héros est un thème moins anodin qu'on ne le croit. Si depuis l'Antiquité, cette figure du héros ne périclite pas, c'est que profondément, comme Job, et comme n'importe qui, nous sommes des héros !

... Du moins nous le vivons comme tel. Chacun, sans sa propre vie et quoiqu'il fasse, quelque soit sa culture, sa position dans la société, face à sa vie qui lui a été donnée, une vie faite de résistance, de luttes, de passions, et de volonté de vivre et de survivre, est configuré au thème de l'adversité, ne serait ce que pour trouver de la nourriture, de l'amour, de l'oxygène, de la bienveillance.
Job est un héros, un héros qui s'abime dans la protestation et tente de convoquer Dieu en procès. Mais chacun de nous l'est aussi, depuis que nous avons pris conscience que cette vie que nous vivons est un combat, pas forcément un combat violent ou armé, mais une lutte, permanente. Contrairement à ce que parfois on tente de nous faire croire, vivre est une action permanente, et nous sommes chacun le héros, ou l'héroïne, de notre vie.

Paul aurait pu tomber dans l'impasse de Job, mais la qui l'a saisi a fait de lui un autre homme, un héros.

C'est cette énergie qui passe dans ses paroles. Je vous relis, avec quelques commentaires intercalaires, pour que vous ré entendiez cette énergie héroïque :

16En effet, annoncer la bonne nouvelle n’est pas pour moi un motif de fierté, car la nécessité m’en est imposée ; quel malheur pour moi, en effet, si je n’annonçais pas la bonne nouvelle ! 

Peut on vraiment croire qu'il n'est pas fier de ce qu'il fait, pas fier de s'être sorti de son impasse, pas fier de ne pas s'abimer dans la colère, ni dans la vaine lutte pour conquérir je ne sais quelle part de marché ou de parcelle de pouvoir ? Moi je crois qu'il est fier. Mais sa fierté ne le rend pas stupide.

17Si je le faisais de mon propre gré, j’aurais un salaire ; mais si je le fais malgré moi, c’est une intendance qui m’est confiée. 18Quel est donc mon salaire ? C’est d’offrir gratuitement la bonne nouvelle que j’annonce, sans user réellement du droit que cette bonne nouvelle me donne.

Il le dit lui même, dans une formule paradoxale au plus haut point. Je n'ai pas de salaire. Mais mon salaire- donc en fait j'en ai un - c'est d'offrir gratuitement (gratuit ou non?) la bonne nouvelle.

C'est une démarche héroïque. Quel héros irait se plaindre de sa condition ? Quel héros irait utilisait les avantages de sa fonction ?
Mais quel héros ne fonctionne pas avec le sentiment protecteur qu'il a fait le bon choix, même si aux yeux du monde, son choix ne lui rapporte rien. C'est le meilleur salaire qu'il peut avoir. Son adrénaline à lui, ce n'est pas la gloire, ni l'argent, ni la reconnaissance, c'est la proclamation de la grâce de Dieu libératrice.
Et puis, qu'est ce qui caractérise le héros, c'est sa sortie de la masse d'un peuple enfermé dans ses renoncements. Seul, et libre, pour une mission.

19Car, bien que je sois libre à l’égard de tous,

Et Paul le dit clairement, qu'il est libre. Même s'il explique aussitôt ce qu'il a décidé de faire avec sa liberté.

je me suis fait l’esclave de tous,

Pas pour contempler sa servitude mais, dit il :

afin de gagner le plus grand nombre. 20Avec les Juifs, j’ai été comme un Juif, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi, comme quelqu’un qui est sous la loi, afin de gagner ceux qui sont sous la loi – et pourtant moi-même je ne suis pas sous la loi ;

Paul est ce pharisien émérite, spécialiste de la loi qui a osé s'affranchir de la Loi de son peuple et donc qui a osé s'affranchir de lui-même 

 21avec les sans-loi, comme un sans-loi, afin de gagner les sans-loi – et pourtant je ne suis pas un sans-loi pour Dieu, je suis lié par la loi du Christ. 22J’ai été faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver de toute manière quelques-uns.

Il ne rajoute pas qu'il s'est fait fort avec les forts. Mais, est-il besoin de le dire, lui qui s'est trouvé confronté à la force de la Loi juive et à la puissance Romaine ?


La figure du héros condense en lui finalement tout le peuple. Favori des dieux, il accomplit sa mission, mais sa mission, c'est aussi le désir du peuple dont il s'extrait, mais dont il est , ou se prétend, l'émanation. Il fait fi des frontières, qu'il franchit allègrement, des castes, qu'il méprise, rien ne l'arrête.

 23Et tout cela, je le fais à cause de la bonne nouvelle, afin d’y avoir part.


Bien sûr. Il le redit qu'il ne fait pas tout ça totalement gratuitement, son salaire était déjà dans sa mission elle-même, mais comme tout un chacun, comme chacun des héros individuels que nous sommes pour notre propre vie, au fond de nous, il y a une perspective, une récompense, qui même si nous n'y croyons pas, brille et nous attire, nous permet de nous relever quand nous sommes abattus, ou mis à terre. Pour Paul, sa récompense, c'est avoir une part de cette bonne nouvelle.

Cette nouvelle mission est réellement noble. Elle n'est pas un sacrifice ou une souffrance, une lutte pour quelque chose d'encore mieux que la lutte pour vivre, ou pour exister, exister plus, exister davantage.

Alors mon intention ce matin est simple, de vouloir à travers la Parole de Dieu qui traverse ses textes, réveiller le héros qui est en vous, chacun de vous. Ce héros abîmé peut être, qui a pu s'engouffrer dans des luttes vaines.
Ce que Paul annonce aux Corinthiens, pétris de culture mythologique, où les héros courent partout toujours en quête de victoires, c'est de s'inspirer de lui-même, de devenir eux aussi des héros de l'évangile, de la proclamation de cette bonne nouvelle, de la grâce de Dieu qui vient mettre fin au désespoir suscité par la prise de conscience de notre réelle condition, qu'est ce que l'homme, dit le Psaume 8, pour que tu en aies souci ?


Nos noms ne resteront pas gravés dans les registres des mythologies, mais puisque nous sommes de toutes façons les héros de notre vie, ne restons pas en vase clos, devenons des héros de la proclamation de la bonne nouvelle de la grâce de Dieu qui libère du désespoir.

AMEN

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