PREDICATION DE PÂQUES 2012


Jean 20.1-10
La résurrection de Jésus

Le premier jour de la semaine, Marie-Madeleine vient au tombeau dès le matin, alors qu’il fait encore sombre, et elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court trouver Simon Pierre et l’autre disciple, l’ami de Jésus, et elle leur dit : On a enlevé le Seigneur du tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis !
Pierre et l’autre disciple sortirent donc pour venir au tombeau.
Ils couraient tous deux ensemble. Mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau ;
il se baisse, voit les bandelettes qui gisent là ; pourtant il n’entra pas.
Simon Pierre, qui le suivait, arrive. Entrant dans le tombeau, il voit les bandelettes qui gisent là
et le linge qui était sur la tête de Jésus ; ce linge ne gisait pas avec les bandelettes, mais il était roulé à part, dans un autre lieu.
Alors l’autre disciple, qui était arrivé le premier au tombeau, entra aussi ; il vit et il crut.
Car ils n’avaient pas encore compris l’Ecriture, selon laquelle il devait se relever d’entre les morts.
 Les disciples s’en retournèrent donc chez eux.




PRIERE D'ILLUMINATION

Nous prions  :
Seigneur, nous te prions de ressusciter nos vies,
de les rendre claires et belles sous la lumière de l’Évangile…

Que ta parole nous touche au plus secret de nous-mêmes,
mettant chaleur, paix et joie dans notre cœur.

Que ton amour emporte nos volontés mauvaises ou trop faibles.
Que ta paix chasse en nous les troubles et les hésitations,
Que ta joie nous accompagne dans nos chemins
 quand ils sont semés d’obstacles et quand ils sont pleins de merveilles,

Car tu es un Dieu de vie, et tu prends soin de tes enfants…






PREDICATION

Car ils n’avaient pas encore compris l’Ecriture, selon laquelle il devait se relever d’entre les morts.
43    Les disciples s’en retournèrent donc chez eux.

Voilà un résumé possible de l'histoire chrétienne depuis 2000 ans. Car si les chrétiens avaient compris l'Ecriture, avaient compris ce qui s'était manifesté, ils ne s'en seraient pas retournés chez eux.
Mais ils sont rentrés chez eux. Et ils attendent. Nous sommes rentrés chez nous et nous attendons.
S'ils n'étaient pas rentrés chez eux. Et si nous n'étions pas rentrés chez nous, que se serait-il passé ?
Il se serait passé qu'une demande «  que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » se serait réalisée
Il se serait passé que le souhait que la volonté de Dieu ne se réalise pas qu'au ciel
mais aussi sur la terre, aurait été comblé.
Il se serait passé , ce miracle : que le frère ne soit plus un étranger, il se serait passé la fin de tous les clans, au nom de la parole universelle du Christ.

il se serait passé l'égalité, la fraternité,
il se serait passé la liberté des enfants de Dieu,
il se serait passé l'attention permanente et stricte portée aux plus faibles.

Mais les disciples s'en sont retournés chez eux.

Ce récit de Jean, pris à part, est un message d'avertissement à tous ces enthousiastes qui sont rentrés chez eux ; parce qu'ils n'ont pas saisi ce qui s'est manifesté sous leurs yeux.

Les femmes voient le tombeau vide et se demandent où a mis le corps. Les deux disciples , Pierre, et l'autre, font une espèce de course. D'abord courent ensemble, puis l'un dépasse l'autre, l'un n'entre pas, l'autre entre, l'un voit et croit, l'autre on ne sait pas. Mais le texte dit que de toutes façons, ils s'en retournent chez eux, car ils n'avaient pas encore compris l'écriture.
Car ils n'avaient pas compris qu'une l'espérance concrète a jailli, s'est enfuie, de ce tombeau.

Ils n'avaient pas compris qu'il y a une chose qu'il ne faut absolument plus jamais faire
« rentrer chez soi »,
C'est comme si on reprenait ce Christ, qu'on le ligotait, et qu'on le remettait vivant, dans ce tombeau. Reste là, ne sors pas !
Il n'avaient pas compris, qu'il ne fallait pas s'en retourner dans leurs maisons qu'ils avaient laissées vides  et qu'ils remplissent à nouveau, de leur présence, de leur attente, de leur peur, de leurs hésitations, de leurs doutes.
Ce n'est pas le moment de boucler la boucle, de retrouver son « chez soi » ou de retrouver son « moi » tel qu'on l'avait laissé quand on est sorti pour suivre , quelques temps, ce Christ.

Alors, on pourrait s'arrêter là, et dire que, la croix, le relevèvement, et tout le ministère du Christ, n'ont servi à rien.

C'est très tentant de dire que les chrétiens ont passé par la suite, 2000 ans à ressasser, une espèce de nostalgie transmise de génération en génération.

Très tentant de dire que finalement rien n'a vraiment changé, depuis que le Christ a été relevé d'entre les morts. Mais dire ça : c'est faire entrer notre foi dans un paradoxe dont elle ne se remettra pas.

C'est très tentant mais c'est faux.
Certes, les premiers chrétiens n'ont pas saisi l'espérance au vol, et malgré le succès du christianisme, années après années, siècles après siècles ;
il n'ont pas réussi à faire jaillir l'eau dans le désert,
ils n'ont pas réussi à inventer les nouveaux cieux et la nouvelle terre, et l' ambiance festive du règne de Dieu qui s'accomplissait sous leurs yeux a rapidement été remplacée par l'ambiance d'Eglise, son institution, son ressassement.
On peut dire cela, mais

Mais on ne peut pas dire que rien n'a changé.

Quelque chose a irrémédiablement changé pour ces croyants, et même s'ils sont rentrés chez eux.

Ce qui a changé c'est leur définition de la Mort.

Avant de vivre l'expérience de la Croix, ils n'avaient que ça : la mort est le moment où tout, brusquement se vide de son sens. Mourir, c'est vivre la disparition de toutes les représentations que nous avons accumulées toute notre vie.

Or,la croix subvertit cette définition là

Le moment où tout normalement doit s'engloutir, souvenirs, identités , espérance, projets, devient le moment où tout prend du sens.

C'est le moment où l'on comprend que Dieu s'est infiltré dans ce calvaire.

Le moment où Dieu va jusqu'au bout, qu'au lieu de mettre le vide, il pose la pierre d'angle.

Nous, les croyants, au lieu de voir encore un homme agoniser, et mourir, nous comprenons que les hommes qui l'ont condamné, en voulant l'abattre, l'ont en fait élevé,
nous comprenons que Dieu s'est infiltré dans leur geste de donner la mort pour que sans le savoir, leur geste soit subverti, détourné de sa volonté initiale.
nous saisissons l'impensable que celui qui a été élevé ainsi est en train de mener un combat ultime. Et qu'il le mène pour nous, pour que nous n'ayons, de la mort, plus jamais peur.
Nous comprenons que cette coulée de haine inexorable qui s'est abattue sur le Christ a été recueillie par Dieu lui même qui en change radicalement le sens.

Oui, depuis la croix, quelque chose a irrémédiablement changé. La source ultime de tous les pouvoirs, à savoir la menace de mort, est asséchée. Grâce à la croix, et à ce combat victorieux d'un Christ inséré comme la pierre d'angle, une nouvelle forme de vie et d'engagement apparaît. Grâce à la croix, qui avait été plantée pour assécher l'espérance, s'enracine en nous non seulement la foi, mais le courage.

Cette intensité là, les croyants en ce Christ là, même s'il ne l'explicitent pas, ils la gardent dans leur cœur.
Même s'ils n'arrivent pas à comprendre ce que signifie la vacuité du tombeau de leur maître, ils sont désormais libérés de cette peur ultime qui est la peur de la mort, et ainsi ils n'ont plus peur de rien, y compris, que le monde change, que le règne de Dieu vienne. L'ultime barrage a sauté.

Alors, à Pâques, il faut prier, pour que cette intensité dans notre cœur, c'est à dire ce courage, nous ne les gardions pas confinés chez nous, ils nous faut prier pour que ce sentiment nouveau, fasse le chemin vers notre intelligence, et ensuite commence à électriser nos bras. Nous devons prier pour que cette intensité se transforme en engagement de vie.
Pour que cette demande du Père se réalise au plus vite «  que ta volonté se fasse désormais sur la Terre »

Il n'y a plus à avoir peur de rien.

AMEN.

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