PREDICATION DU 15 AVRIL 2012 - PORT ROYAL



Psaume 135

1Louez le SEIGNEUR (Yah) !Louez le nom du SEIGNEUR,louez-le, serviteurs du SEIGNEUR,2qui vous tenez dans la maison du SEIGNEUR,dans les cours de la maison de notre Dieu !3Louez le SEIGNEUR (Yah), car le SEIGNEUR est bon.Chantez pour son nom, car il est beau.


15Les idoles des nations sont de l’argent et de l’or,œuvre de mains humaines.16Elles ont une bouche et ne parlent pas,elles ont des yeux et ne voient pas,17elles ont des oreilles et n’entendent pas,elles n’ont pas de souffle dans leur bouche.18Ils leur ressemblent, ceux qui les font,tous ceux qui mettent leur confiance en elles !19Maison d’Israël, bénissez le SEIGNEUR !Maison d’Aaron, bénissez le SEIGNEUR !20Maison des lévites, bénissez le SEIGNEUR !Vous qui craignez le SEIGNEUR, bénissez le SEIGNEUR !21Béni soit le SEIGNEUR depuis Sion,lui qui demeure à Jérusalem !Louez le SEIGNEUR (Yah) !

ACTES 4
32La multitude de ceux qui étaient devenus croyants était un seul cœur et une seule âme. Personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais tout était commun entre eux. 33Avec une grande puissance, les apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grande grâce était sur eux tous. 34Parmi eux, en effet, personne n’était dans le dénuement ; car tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de ce qu’ils avaient vendu 35et le déposaient aux pieds des apôtres ; et l’on distribuait à chacun selon ses besoins.


PREDICATION


Communisme !

Je savais qu'avec ce premier mot, j'allais vous interpeler !


Elle est communiste, l'ambiance décrite dans le livre des Actes : le livre d'une Eglise qui surgit, florissante, après la résurrection ;

Evidemment ce mot sonne aujourd'hui comme un gros mot.

Et pour les commentateurs, aussi. Ecoutons leurs arguments :

Ils établissent d'abord que le livre des Actes est un texte de propagande écrit a posteriori sur une Eglise qui n'a évidemment pas existé de cette façon.

Ce texte du chapitre 4, manifestement utopique, nous prouve bien que ce n'est pas possible. Tout ce que nous savons sur les premiers chrétiens c'est qu'ils n'étaient pas unis.

Livre composé au moins 50 ans après les faits, le livre des Actes ne fait qu'exalter la notion d'unité, rendue nécessaire justement 50 ans après, quand les chrétiens étaient vraiment persécutés. Unité d'ailleurs qui n'a pas existé non plus après.

Les commentateurs protestants rajoutent évidemment que cette unité primordiale est une invention (historiographique) , ce à quoi les catholiques leur répondent que cet argument est une justification de leur dissidence.

Très bien, mais si on regarde bien l'argument , on remarque que c'est une pauvre boucle :
cette histoire est fausse car cette forme de partage n'est pas possible, la preuve, l'URSS, le Maoïsme, les sectes.

Alors, essayons de nous débarrasser de ces arguments qui sont en fait des a priori , et regardons le texte.
D'abord, il ne s'agit pas d'être effrayé par cette idée « communiste »i, car je vois bien, ici , qu'il ne s'agit pas de la description d'un projet politique, mais simplement du mode de vie que s'est choisi un petit groupe de gens. Après avoir senti, vécu, que le Christ était vivant. Le succès du christianisme par la suite, a pu faire de ce passage une légitimation de cette idée, mais cela n'a rien à voir.




Ensuite, le mot central ici est « commun » Tout était « commun (v.32) ». Ce mot a donné en grec, ce que nous désignons, en français,par communion, comme celle que nous allons vivre, réellement, tout à l'heure.
Je ne vois pas pourquoi on s'acharnerait à coup d'arguments sur cette « réelle, mais non surnaturelle, communion », alors qu'on ne s'acharne plus, à coup d'arguments, sur des miracles autrement plus surnaturels accomplis par Jésus.

Ici, j'ouvre une parenthèse sur la notion de miracle. Les miracles ont une place très considérable dans notre Bible, et je dirais même que cette notion de miracle englobe toute la Bible, de A à Z, de la Genèse à l'apocalypse.

Nous réformés, nous les voyons, ces miracles, mais soit nous détournons les yeux, soit nous les interprétons de façon symbolique. Au nom de l'argument imparable « ça ne peut pas exister, donc ça n'existe pas », qui répond à l'argument fondamentaliste « c'est écrit donc c'est vrai ». Et ce dialogue de sourds se poursuit depuis des siècles.

Alors qu'il y a une voie différente, dite de la sagesse. La Bible est pleine de miracles, c'est un fait. Les miracles ont pour fonction justement de dire : ce que vous ne croyez pas possible est possible. Nous n'aurions même pas besoin de les interpréter, juste, de nous dire, devant n'importe quel miracle : il y a un possible au-delà de ce que je peux croire possible. Qu'importe, si vous ne croyez pas à ce miracle là, qu'importe si vous croyez ou non que ce miracle a réellement , historiquement et devant huissier, eut lieu, l'important est de reconnaître que, même dans ma vie : il y a un possible qui dépasse ce que je crois possible. Et en recevant ce message, vous rendez tout simplement Dieu possible, dans votre vie.

Je ne ferme pas cette parenthèse mais évidemment je la prolonge en disant que ce passage sur la mise en commun des biens dans l' effervescence et la joie de la résurrection, est – peut être considéré comme- un miracle, parmi tous ceux du livre des Actes.

Le miracle ne désigne donc pas l'impossible, mais le possible. Ce que miracle nous dit, ici, c'est qu'il est possible, de mettre en commun, comme il était devenu possible qu'une femme pécheresse soit pardonnée, qu'un aveugle recouvre la vue, qu'un boiteux danse (???:), qu'une petite fille se réveille, que Jésus...meure...et qu'il soit relevé dans le cœur , mot qui est dans ce texte, au singulier, dans ce cœur des croyants qui n'ont plus peur parce qu'ils ont un seul cœur, non pas qu'ils ont, dit le texte, mais qu'ils sont un seul cœur. Il ne s'agit plus de posséder.A nous d'apprécier la nuance,

C'est un miracle, mais ce n'est pas complètement surnaturel. Il y a un lien entre ce que nous faisons déjà et ce que nous voyons s'accomplir là.

Par exemple, la plupart des familles mettent tout en commun. En général, un couple partage son argent. Et la société ne se demande pas si c'est possible La famille, la base de la conservation de la société, dit on, est pourtant communiste. Et personne ne dit que c'est impossible, utopique ou horrible . Alors, pourquoi pas l'Eglise du Christ ? Qui en réinventant la fraternité est devenue une nouvelle famille dans laquelle on nait par le baptême. En fait, cela semble plutôt logique, de tout partager, en famille, qui devient ici une fratrie universelle, c'est à dire une famille où la seule autorité est en Dieu, avec une égalité entre les frères. Un dépassement de toutes les familles, de tous les clans, de toutes les confrérie : une véritable utopie, mais ici et maintenant. C'est le même message, partout dans le nouveau testament.

Ce que je voudrais dire pour rassembler tout cela et conclure, c'est d'abord de changer d'attitude avec notre définition stricte du possible et de l'impossible. Il ne faut pas tuer à la base, ce sentiment d'euphorie qui tente de convertir les cœurs depuis l’émergence de ces assemblées de croyants.

Si je crois en Dieu, je crois à un possible différent de ce que je pense, de ce qu'on m'a enseigné, comme possible.

Ensuite, je constate que ce que je vois comme un miracle n'est pas coupé totalement de ma vie courante, il y a un lien entre ce que je fais déjà, et le royaume, il y a un lien, un prolongement entre ma vie déjà et ce miracle, il y a un lien, un prolongement, entre nous et Dieu.

Regardons les miracles autrement. Laissons les rationalistes et les fondamentalistes, continuer à s'invectiver. Laissons les catholiques et les protestants se disputer pour savoir si ce texte est une légende ou non.

Nous, nous voyons se dessiner un chemin, dont ces miracles sont les bornes, des jaillissements du nouveau possible, pour nous indiquer que nous sommes sur la bonne route.

Ainsi, cette mise en commun.
Elle est une protestation contre cette idolâtrie de l'argent et de l'or critiqué par l'auteur du Psaume 135. Qui dirait aujourd'hui que ce psaume n'est pas d'actualité, et que le partage ne va pas devenir une solution radicale pour le salut de l'humanité ?

Cette mise en commun du livre des actes, légendaire, ou non, c'est celle qui donne le vrai sens de la communion, un sens euphorique, communion que nous allons vivre tout à l'heure pour pouvoir repartir de ce moment de culte avec un esprit de communion.

AMEN

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