PREDICATION DU 29 AVRIL 2012 (baptême de Louise et de Lou-Anne)


EXODE Chapitre 17
L'eau de Massa et Meriba
1Toute la communauté des Israélites partit du désert de Sîn pour ses étapes, sur l'ordre du S ; ils campèrent à Rephidim, mais il n'y avait pas d'eau à boire pour le peuple. 2Alors le peuple chercha querelle à Moïse. Ils dirent : Donnez-nous de l'eau à boire. Moïse leur répondit : Pourquoi me cherchez-vous querelle ? Pourquoi provoquez-vous le S ? 3Là, le peuple avait soif, le peuple maugréait contre Moïse. Il disait : Pourquoi donc nous as-tu fait monter d'Egypte, si tu nous fais mourir de soif, moi, mes fils et mes troupeaux ? 4Moïse cria vers le S : Que dois-je faire pour ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront ! 5Le S dit à Moïse : Passe devant le peuple et prends avec toi des anciens d'Israël ; prends aussi ton bâton, avec lequel tu as frappé le Nil, et tu t'avanceras. 6Quant à moi, je me tiens là, devant toi, sur le rocher, en Horeb ; tu frapperas le rocher, il en sortira de l'eau, et le peuple boira. Moïse fit ainsi, sous les yeux des anciens d'Israël. 7Il appela ce lieu du nom de Massa (« Provocation ») et Meriba 
(« Querelle »), parce que les Israélites avaient cherché querelle, et parce qu'ils avaient provoqué le S, en disant : Le S est-il parmi nous ou non ?



PREDICATION
Le peuple. Ce peuple à la nuque raide. Le peuple. Ce peuple. Qui provoque Dieu.
Ce passage est cité par ailleurs dans la bible pour illustrer ô combien ce peuple manque de confiance. Le S n'avait il pas dit qu'il les guiderait ?
Mais il n'y avait pas d'eau. Sur l'ordre du S , il campent à un endroit. Mais à un endroit où il n'y avait pas d'eau. Ils avaient soif. Dans le désert.
La belle affaire … Ne pouvaient-ils pas avoir confiance ? Etre désaltéré de la confiance qu'ils étaient censés faire au S.
Non, au lieu de cela, ils provoquent, ils querellent. Ils réclament. Ils menacent.
Et les prédicateurs, et les commentateurs et les lecteurs, s'engouffrent dans la brèche. Et critiquent ce peuple, et prennent ce peuple de haut, ce peuple qui n'avait pas confiance, ce peuple qui n'avait pas la foi. Ce peuple qui avait la soif.
Prédicateurs, commentateurs lecteurs se hissent sur une position aristocratique et considèrent que ce peuple mérite son errance vers Canaan.
Mais voilà, cette posture, cette façon de lire le texte n'est pas dans ce récit. Dans d'autres, mais pas dans ce récit, qui est plus descriptif, que moraliste. Méfions nous de donner des commentaires en forme de leçons à un peuple dont il faudra bien un jour nous rendre compte que nous en faisons partie.
Oui, la première tendance du commentateur de ce récit c'est de n'avoir aucune empathie pour ce peuple . C'est s'en distinguer, c'est surtout ne pas comprendre que quand même, ne pas avoir d'eau quand on traverse le désert, c'est un problème.
Alors, quand l'empathie surgit, peuvent nous revenir des passages de l'évangile où Jésus, plusieurs fois, nourrit des foules , qui avaient faim. Qu'on peut réentendre cette parole de Jésus sur la croix que l'évangile de Jean rapporte : « 'j'ai soif »
Comme si cette parole revenait dans le texte choisi par Elodie et Adrien pour nous faire entendre que Jésus tout à coup fait partie de ce peuple, de cette humanité, qui a soif, et qui veut de l'eau, parce que sinon ce n'est pas la peine.


Et puis, que dit le récit : il dit que le peuple a soif, et il fait un lien entre cette réclamation et le miracle de Moïse, qui muni du bâton grâce auquel il a pu franchir le Nil, ouvre un rocher pour y faire couler une source, qui va désaltérer tout le monde.
Si le peuple n'avait rien dit, il ne se serait rien passé. Et oui finalement, c'est le peuple qui provoque la bénédiction.
Pour comprendre ce récit - pas forcément pour l'expliquer - mais pour le comprendre, pour le prendre avec soi - il faut entrer dans ce peuple, y entrer par la soif ...Et Demander, à boire.
Cela nous renvoie à la prière, qui au bout du compte est une provocation générée par un besoin essentiel. Nous pourrions par exemple prier pour la paix, mais si nous ne la désirons pas, aussi fortement que des assoiffés désirent une nouvelle source, cette prière n'existe pas.
Si nous devions avoir confiance comme les commentateurs nous indiquent que ce peuple aurait dû avoir confiance, alors, il faudrait nous interdire de prier, de demander, de provoquer. Et, il nous faudrait mourir de soif. Il faudrait nous interdire d'avoir été un enfant et d'avoir leur témérité de demander ce dont nous avons besoin.
Ce récit nous renvoie à ce que nous désirons vraiment, pleinement.


Et il se conclue par cette question qui ressemble à la question du début, à propos de Jésus « où est il celui là ? » - je ne sais pas . Ici la question : Le Seigneur est il avec nous, ou non ?


Et cette question, c'est la nôtre, nous qui appelons notre Christ « Emmanuel » ,
Dieu-avec-nous. Ou non ?


Et c'est là qu'il faut saisir pleinement ce qui vient de se passer au début de notre culte, le baptême de Louise, le baptême de Lou-Anne. Ces baptêmes, viennent d'une demande des parents.
Et c'est là qu'il faut saisir dans la compagnie de ce peuple errant le sens du sacrement qui s'est déroulé sous vos yeux ce matin.
Je ne suis pas Moïse, et je n'ai pas de bâton, et il n'y a pas de rocher. Mais, voici, nous sommes ce matin arrivés dans un campement et nous étions demandeurs d'un signe de grâce. Nous avions soif de la miséricorde de Dieu. Nous voulions savoir si le Seigneur était oui ou non avec nous. Et c'est à travers ces deux magnifiques petites filles que nous avons découvert que oui, qu'il est avec nous. C'est le sens du sacrement. Il est avec nous. Et il le restera. Pour toujours.
Il y a de l'eau, la source est apparue, il y a de l'eau abondante. Et elle nous désaltère.
AMEN.

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