PREDICATION DU 13 MAI 2012 à La Maison Fraternelle




116  strophes 1,4,5,6 J'aime mon Dieu car il entend ma voix

247  strophes 3 et 4   Croyons en la parole du Dieu de vérité

251 1.2.3   Grand Dieu nous te louons


MARC 8
Il n'y aura pas de signe du ciel
11Les pharisiens survinrent, commencèrent à débattre avec lui et, pour le mettre à l'épreuve, ils lui demandèrent un signe venant du ciel. 12Il soupira profondément en son esprit et dit : Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe ? Amen, je vous le dis, il ne sera pas donné de signe à cette génération. 13Puis il les quitta et reprit le bateau pour regagner l'autre rive.



Texte cinglant, comme souvent, chez Marc.
Dans les parallèles de Mt 12,38-41 et Mt 16, 1-4, il ajoute qu’il ne sera pas donné d’autres signes que celui de Jonas.
Ce qui laisse ses auditeurs, et aussi les lecteurs : pantois.

Parenthèse historique :
Dans les évangiles, presque tous les  pharisiens sont dépeints comme de vulgaires pervers, ne questionnant pas Jésus pour avoir des réponses, de la nourriture, mais simplement pour le piéger, pour le faire tomber.  Cette description n'est en fait que la mise en scène du débat du premier siècle de notre ère, qui s'articule autour de cette question : qui va récupérer, après la destruction du Temple de Jérusalem l'héritage de la Torah : les pharisiens ? Ou les adeptes du chemin, alias les chrétiens. 2000 ans plus tard, le débat n'a pas été tranché. Un jour, la réconciliation des ces frères arrivera, et la face religieuse du monde sera changée. Je ferme cette parenthèse et j'oublie les pharisiens car ils ne sont pas les seuls à demander des signes. Les pharisiens, dans les évangiles, c'est nous, aussi.


Jésus soupire profondément.  Cette mention n'est pas anodine. Cela veut dire qu'il est à bout. Un soupir c'est une profonde inspiration et une profonde expiration, en gros, c'est toute une vie dont le soupir est le signe, une vie qui va de la profonde inspiration du nouveau-né à la profonde expiration du défunt.

Pourquoi Jésus nait-il et meurt-il subitement devant eux ? Devant ceux qui lui demandent des signes, venant du ciel ?

Imaginons :
Il y a une personne  que vous aimez bien, et dont vous savez qu'elle vous aime beaucoup et pourtant vous ne l'appelez jamais, ne manifestez jamais que pour vous, elle est importante. De quoi cette personne aurait elle besoin ? De vous ? Peut-être.
D'un signe venant de vous ? Sûrement. Qu'est ce ça veut dire?  Que cette personne finalement aurait plus besoin d'un signe venant de vous, que de vous ?
Un signe, dans sa définition classique se décompose en deux parties : le signifiant, et le signifié.

Le signifiant dans l'exemple que j'ai pris serait un simple coup de fil. Imaginons que la personne destinataire  est sortie quand vous l'appelez et qu'elle n'a pas de répondeur, mais qu'à son retour elle puisse repérer les numéros qui l'ont appelée et qu'elle voit votre numéro.
Cette personne va être heureuse. Non pas de vous, de votre présence, de votre chair, de votre souffle, de votre parole, de vos conseils,  mais de ce signe venant de vous. Le signifiant c'est ce numéro qui s'est affiché. Et le signifié peut être ceci : elle n'est pas abandonnée. Elle est remarquée. Elle est distinguée. Elle n'est pas rien.  Sa vie n'est pas absurde. Le signifié pour cette personne, c'est une nouvelle joie, peut être provisoire, mais intense, d'exister.  Vous lui auriez fait signe.   Et c'est très important.
De la même façon, à cette instant, vous aussi, vous aviez plus besoin de faire un signe à cette personne que de cette personne. Votre propre geste signifie pour vous que vous n'êtes pas quelqu'un qui abandonne.




Il n'y a évidemment pas que des signes positifs, il y a beaucoup de signes négatifs, je pense à ces petits cercueils qu'envoient les mafias à des gens qui gênent son travail. Il y aussi beaucoup de signes parfaitement ambiguës, qui signifie vie et mort en même temps. Je pense à ce signe qui est derrière moi, à cette croix.
Et puis il y a des signes mal interprétés . La personne évoquée voit votre numéro s'afficher, et le signifié pour elle c'est que brusquement elle réalise que vous l'auriez abandonnée depuis une vingtaine d'années, et sa souffrance se réveille brusquement.

Les gens demandent des signes. Et Jésus soupire.
Pourquoi soupire t il ?

Pourquoi ne leur donne t il pas les signes qu'ils réclament ? Parce qu'il est méchant, hautain , méprisant, ou tout simplement, impuissant ?

Non, évidemment.

Il soupire parce que les gens qui l'entourent ne voient rien. Il ne le voit pas, lui. Il ne comprennent pas ce qu'il fait, ce qu'il dit, ce qu'il si-gni-fie.
La nœud tragique de tous les évangiles, c'est cette impossibilité des gens à  saisir  l'immanence de Dieu. Il le cherche au ciel, alors que le ciel les contient.
Ils lui demandent des signes venant du ciel. Alors qu'une prière est déjà exaucée, vous savez, cette prière qui dit
« sur la terre comme au ciel »

Le signifiant : c'est son humanité entière, sa vie, son soupir. Le signifié : Dieu ne nous abandonne pas. La vie n'est pas absurde. Le destin n'est pas juste qu'une parenthèse plus ou moins longue, plus ou moins heureuse, entre une première inspiration, celle du nouveau-né dont les poumons se gonflent , et une dernière expiration, comme un soupir, d'un défunt.
Il est le signe et les gens lui demandent des signes. Et puis quoi encore ?  Vous voulez quoi en plus de l'Emmanuel, de Dieu avec vous, que voulez en plus de l'éternité dans votre vie, d'une belle espérance, de la confiance et de l'amour, d'un chemin qui s'ouvre pour aller vers votre frère ? Que vous faut il de plus, semble soupirer Jésus.

Pourquoi cette génération, cette engeance,  demande-t-elle un signe ? Amen, je vous le dis, il ne sera pas donné de signe à cette génération. 13Puis il les quitta et reprit le bateau pour regagner l'autre rive.

Que nous reste t il de ce matin ?

Il nous reste la possibilité de comprendre c'est qu'est 'un signe, et que nous, les chrétiens, nous sommes ceux qui devons faire signe, être des signes, vivants, qui  disent que  Dieu non seulement existe, mais qu'il est la condition pour que nous existions en toute vérité et toute joie, qui disent, de façon non ambiguë ou perverse, que ce numéro qui s'affiche est la réalité de quelqu'un qui pense à toi, en simultanéité avec toi, qui vit la même vie que toi.

Il nous reste à découvrir que notre foi n'est pas simplement une question, un questionnement, une option philosophique, discutable, mais qu'elle est le prolongement de l'éternité de Dieu, et qu'elle est une source bénéfique pour les autres.

Il nous reste à cesser de considérer le christ comme un homme invisible, ou de considérer qu'il est derrière un miroir sans tain devant lequel nous nous regardons nous même en demandant un signe du ciel, enfin, qui nous prouvera enfin que notre vie vaut la peine que nous lui consacrons. Alors qu'il est là. Que cette foi nous l'avons, que cette éternité de Dieu, nous la partageons.

Et enfin, si on ne devait retenir qu'une seule chose de cette prédication, ce serait   la nécessité de  signifier à ceux qui nous aimons, que nous les aimons.

AMEN.

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