CONTE DE LA VEILLE DE NOËL - MAISON FRATERNELLE 2012


 Les naissances de Jésus

(Évangile de Matthieu, chapitre 1)
18Voici comment arriva la naissance de Jésus-Christ. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph ; avant leur union, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit saint. 19Joseph, son mari, qui était juste et qui ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la répudier en secret. 20Comme il y pensait, l'ange du Seigneur lui apparut en rêve et dit : Joseph, fils de David, n'aie pas peur de prendre chez toi Marie, ta femme, car l'enfant qu'elle a conçu vient de l'Esprit saint ; 21elle mettra au monde un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. 22Tout cela arriva afin que s'accomplisse ce que le Seigneur avait dit par l'entremise du prophète :
23La vierge sera enceinte ; elle mettra au monde un fils
et ils l’appelleront du nom d'Emmanuel,
ce qui se traduit : Dieu avec nous.24A son réveil, Joseph fit ce que l'ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme chez lui. 25Mais il n'eut pas de relations avec elle jusqu'à ce qu'elle eût mis au monde un fils, qu'il appela du nom de Jésus.
(chapitre 2)1Après la naissance de Jésus, à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode, des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem 2et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus nous prosterner devant lui.
(...)  
les sages se mettent en route. Ils aperçoivent l'étoile qu'ils ont vue à l'est. Ils sont remplis d'une très grande joie en la voyant. L'étoile avance devant eux. Elle arrive au-dessus de l'endroit où l'enfant se trouve, et elle s'arrête là. 11Les sages entrent dans la maison, et ils voient l'enfant avec Marie, sa mère. Ils se mettent à genoux et adorent l'enfant. Ensuite, ils ouvrent leurs bagages et ils lui offrent des cadeaux : de l'or, de l'encens et de la myrrhe.

(Évangile de Luc , chapitre 2)
1En ces jours-là parut un décret de César Auguste, en vue du recensement de toute la terre habitée. 2Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. 3Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa propre ville. 4Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée, dans la ville de David appelée Bethléem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David, 5afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.
6Pendant qu'ils étaient là, le temps où elle devait accoucher arriva, 7et elle mit au monde son fils premier-né. Elle l'emmaillota et l'installa dans une mangeoire, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans la salle. 8Il y avait, dans cette même région, des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux. 9L'ange du Seigneur survint devant eux, et la gloire du Seigneur se mit à briller tout autour d'eux. Ils furent saisis d'une grande crainte. 10Mais l'ange leur dit : N'ayez pas peur, car je vous annonce la bonne nouvelle d'une grande joie qui sera pour tout le peuple : 11aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un sauveur, qui est le Christ, le Seigneur.
12Voici comment vous allez le reconnaître : vous trouverez un petit enfant enveloppé dans une couverture et couché dans une mangeoire. »
13Tout à coup, il y a avec l'ange une troupe nombreuse qui vient du ciel. Ils chantent la louange de Dieu : 14« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix à ceux que Dieu aime ! »
15Ensuite, les anges quittent les bergers et retournent au ciel. Alors les bergers se disent entre eux : « Allons jusqu'à Bethléem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur Dieu nous a fait connaître. »
16Ils partent vite et ils trouvent Marie, Joseph et le petit enfant couché dans la mangeoire.


CONTE PRÉDICATION

Devant cette grande maison, d'apparence banale bien qu'assez bien entretenue, avec son petit jardin qui donne sur la rue, avec un cerisier...tout le monde passe sans se douter de quoi que ce soit. Les gens vont acheter leur pain, roulent en voiture, déposent leurs enfants à la crèche, et parfois ne font rien, s'assoient sur un banc du square pas très loin.
Personne n'y prend garde, mais au petit matin, des gens arrivent devant cette maison, parlent à l'interphone de la porte du jardin, entrent dans le jardin, composent un code à la porte de la maison, et entrent dans la maison. Ces gens là, personne ne les remarquent, peut-être parce qu'ils veulent rester discrets.
Que se passe-t-il dans cette maison ? Qu'a t-elle de particulier ? C'est ce que cette histoire raconte.
Ces gens là, personne ne les remarque, mais un oeil plus averti noterait qu'ils sont à peu près tous très souriant. Ce sont des hommes, des femmes, des jeunes des vieux, mais ils ont cette commune caractéristique, c'est d'avoir l'air heureux.
Quand la porte se referme derrière eux, ils sont accueillis dans un immense hall, et personne ne s'étonne que ce hall, avec son son plafond de 15 mètres est plus grand que la maison quand on la considère de l'extérieur. Pendant ce temps là, à l'extérieur, les voitures passent, les Lycéens font une pause bruyante dans le square, les mamans courent à la crèche, et les croissants sont distribués à la boulangerie.
Les premiers arrivés s'asseyent sur des grands fauteuils rouges et moelleux, et discutent en attendant les autres, qui arrivent, chacun à son tour, et toujours avec un beau sourire. L'histoire ne raconte pas ce qu'ils disent, ou du moins, nous n'arrivons pas à entendre. Vous les entendez vous ? Moi pas . Mais ce que nous pouvons remarquer, c'est qu'ils semblent avoir une discussion très engagée. Ils se montrent des carnets, où on arrive à distinguer de l'écriture manuscrite, et aussi quelques croquis. Certains ne semblent pas d'accord avec les autres et ça les fait rigoler.
Ils attendent un moment jusqu'à ce que semble t il le groupe soit complet , en tous les cas ce jour là - l'histoire ne raconte que ce jour là - jusqu'à ce que le groupe composé environ d'une trentaine de personnes soit constitué.
Et puis, ils se dirigent vers ce qui apparait comme un très grand ascenseur dans lequel ils entrent, tous.
L'ascenseur est comme une grande salle de verre et il descend, il descend très profond semble t il parce qu'à un moment précis il se retrouve dans la mer. Les gens n'y prêtent pas attention, parce qu'ils sont habitués sans doute, mais nous ça nous étonne qui voyons pour la première fois au travers de parois en verre fois des profondeurs habitées de toutes sortes de poissons luminescents immobiles avec de temps en temps des mouvements brusques, des algues photophores exubérantes, et aussi des minéraux, végétaux, animaux ? brillants de toutes les couleurs possibles. On y voit comme en plein jour, et on se demande encore si là haut, les voitures roulent toujours, si les Lycéens sont enfin entrés en cours, si le boulanger a fini son rush du petit matin, et c'est comme si la grisaille n'existait plus.
L'ascenseur s'ouvre. Bienvenus à la fabrique des contes de tous les temps.

Aujourd'hui le programme est simple. Il faut résoudre le problème des deux histoires qui racontent la naissance de Jésus. Faut-il par exemple, faire coincider les deux histoires , celle qui raconte que Jésus a été accueilli par des mages, et l'autre histoire, dans le même recueil, qui s'appelle la Bible où il est raconté qu'il est accueilli par des bergers ?
La discussion est conduite par une femme, dont on lit sur son visage un peu crispé qu'elle va encore devoir composer avec la foisonnante imagination de son équipe de compositeurs des contes de tous les temps.

- Moi, je propose qu'on ne garde que l'histoire des bergers. C'est plus crédible, des bergers.
Et un autre répond
- Évidemment, c'est toi qui l'as écrite cette histoire...
- Calmez vous, ne vous énervez pas, dit la femme.

- Moi je trouve que les mages ça fait plus rêver, l'étoile...tout ça. D'ailleurs, les gens si on leur demande de se souvenir, ils ne se souviennent en général que de celle-ci.

- J'ai une idée,  dit un membre de l'équipe. On a qu'à dire que les mages sont les gardiens des étoiles, comme s'ils étaient les bergers des étoiles et le tour est joué, on ne fait qu'une seule histoire

Un autre dit:
-  Mais comment tu vas faire croire ça quelqu'un ? Comment tu vas comparer une brebis à une étoile ?
- Ben quoi, tu ne savais pas que les brebis brillaient la nuit, comme des lucioles ?
- Bin non, je ne savais pas.

Et tout le monde rit.

Un autre reprend :
- Il existe vraiment un point commun entre eux, c'est qu'ils se déplacent tout le temps. Les astrologues ou les mages, parce qu'ils doivent suivre leur étoile, et les bergers, pour aller toujours ailleurs pour que leur troupeau trouve de l'herbe fraiche.
- Oui, comme si le petit qui vient d'arriver était accueilli finalement par une assemblée de gens qui bougent.
- Comme si c'était quelqu'un qui n'allait pas rester là où l'avait mis.
- Et pourquoi ?
- Peut-être pour qu'il puisse rejoindre chacun, qui est toujours un peu loin.

Et la discussion bat son plein, et à la surface, la journée passe , les mamans récupèrent leur progéniture à la crèche, quelques papas aussi, les Lycéens font une pause de sortie dans le square, la boulangerie comble les petites faims de sucré de 18h30. Il fait déjà nuit. Les voitures roulent, dans la rue, devant la maison.

La femme qui dirige l'animation conclut la discussion.

- Bon finalement, nous sommes tous d'accord qu'on ne va pas faire de ces deux histoires une seule. Il y a des mages et il y a des bergers, chaque mage est un peu berger et chaque berger est un peu un mage, parce que dans les deux cas, il faut avoir la science des signes qui sont déposés sur la route. On fait comme ça.
On laisse les deux histoires comme elles sont, l'une écrite par Matthieu.
Matthieu exprime un grand sourire dans l'assemblée.
Et l'autre écrite par Luc
Luc ?
Il est parti ?
- Non , il s'est juste endormi.
Et tout le monde se met à rigoler devant l'expression de Luc, brusquement surpris en plein rêve. Tout le monde va chercher son manteau, et se redirige vers le grand ascenseur.

Le lendemain c'est la soirée de Noël. Après le moment dans l'Eglise, arrive la veillée familiale. Dans les familles les plus croyantes, les récits bibliques qui racontent la naissance de Jésus sont lus.
Et beaucoup de parents sont interpellés par la question simple d'un enfant :

"Pourquoi il y a une histoire qui raconte que ce sont des bergers qui accueillent Jésus et une autre histoire qui dit ce sont des mages ?"
Et chaque parent devrait être mesure de répondre : parce qu'au fond de la mer, une assemblée de conteurs a décidé que c'était bien comme ça, les deux histoires.

R.P

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