PREDICATION DU 25 DECEMBRE 2012

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LECTUR

MATTHIEU 1.

18Voici comment arriva la naissance de Jésus-Christ. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph ; avant leur union, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit saint. 19Joseph, son mari, qui était juste et qui ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la répudier en secret. 20Comme il y pensait, l'ange du Seigneur lui apparut en rêve et dit : Joseph, fils de David, n'aie pas peur de prendre chez toi Marie, ta femme, car l'enfant qu'elle a conçu vient de l'Esprit saint ; 21elle mettra au monde un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. 22Tout cela arriva afin que s'accomplisse ce que le Seigneur avait dit par l'entremise du prophète :
23La vierge sera enceinte ; elle mettra au monde un fils
et on l'appellera du nom d'Emmanuel,
ce qui se traduit : Dieu avec nous.24A son réveil, Joseph fit ce que l'ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme chez lui. 25Mais il n'eut pas de relations avec elle jusqu'à ce qu'elle eût mis au monde un fils, qu'il appela du nom de Jésus.
 

                                "NOUS"




PRÉDICATION
La question que l'on peut se poser, après avoir bien écouté , le texte de l'évangile de Matthieu est la suivante : comment s'appelle-t-il ? Jésus ? Ou Emmanuel ?
Notre message ce matin va parler du nom. Nous avons tous un nom. Et même plusieurs d'ailleurs. Je vous invite à penser à votre nom, à vos noms, à considérer la distance ou pas que vous avez avec lui, et à vous demander si votre nom, au fond, c'est vous ? Ou si vous avez conscience qu'il n'existe finalement aucune correspondance réelle entre vos noms et vous-même. Faites cette expérience étrange de regarder à distance ces deux mots qui emplissent votre vie de leur écriture, de leur sonorité depuis que vous êtes nés.
Nous avons chacun deux noms. Le prénom avant était le nom tout court. Dans les village on distinguait les gens ayant le même nom par le nom de leur père : c'est de le Martin de Pierre..., puis finalement au 12e siècle, ce n'était plus possible, il y avait trop de monde, alors est apparu le nom de famille...
qui a relégué le nom en prénom, et qui , comme chacun le sait, a été basé par exemple sur le métier "Marchand.... " ou sur une caractéristique du lieu d'habitation "Duchesne..." ou sur des aspects physiques : " Lebrun... Lefort, Lejeune "
sur la provenance "picard" , et même sur des sobriquets et pour ces derniers on ne les trouve presque plus qu'au Québec, je ne vous en cite que pour le plaisir : " Belhumeur, Brind’amour, Jolicoeur, Lachapelle, Ladébauche, Ladéroute, Laflamme, Lafranchise, Lajeunesse, Lajoie, Lalancette, Lalime, Lapalme, Laramée, Larose, Laterreur, Léveillé, Sanschagrin, Tranchemontagne, Vadeboncoeur"
Quel feu d'artifices, que sont tous nos noms, d'artifices oui, puisque c'est artificiel, rien de moins naturel qu'un nom. Sinon le sobriquet avant qu'il ne devienne un nom de famille, d'ailleurs, puisque nous avons tous une mémoire relative des noms, nous utilisons encore, sans le savoir, le sobriquet, pour parler d'une connaissance commune, dont nous avons oublié le nom officiel. Si, c'est vrai. Mais si tu sais, la grande là, ou, le petit, le gros , le chauve...si, nous le faisons, et nous le faisons tout le temps.
Jésus, Iesouah -  n'est pas un sobriquet, c'est un nom très courant de l'époque et du lieu. Et Jésus, s'est fait appelé Jésus fils de Joseph, ben Yossef, ou de Nazareth.
Dans le texte de Matthieu l'ange annonce à Joseph qu'il devra appeler l'enfant qui va naître Jésus, et ensuite, le narrateur dit qu'effectivement il lui donne le nom de Jésus,
Mais. Le même narrateur cite une prophétie d'Esaie, au chapitre 7, disant que cet enfant là ils l'appeleront (traduction littérale) : Emmanuel. C'est à dire Avec nous Dieu, Dieu avec nous.
Nous pouvons nous demander ce qui a poussé Matthieu a cité Esaïe. En effet, le texte concernait une guerre entre la syrie et Ephraim (735-732 av JC) et voici le texte intégral :
Le Seigneur parla encore ainsi au roi Acaz :« Demande pour toi un signe venant du Seigneur ton Dieu, demande-le au fond des vallées ou bien en haut sur les sommets. »Acaz répondit : « Non, je n'en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l'épreuve. »Isaïe dit alors : « Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu !Eh bien ! Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la jeune femme est enceinte,elle enfantera un fils, et on l'appellera Emmanuel, (c'est-à-dire : Dieu-avec-nous).De crème et de miel il se nourrira, et il saura rejeter le mal et choisir le bien.Avant même que cet enfant sache rejeter le mal et choisir le bien,elle sera abandonnée,la terre dont les deux rois te font trembler.
Cet enfant aura un vrai nom, ce sera Ezechias, fils d'Acaz qui lui succédera sur le trône de Jérusalem. Ce que dit cette prophétie, c'est qu'elle se réalisera rapidement. Alors qu'Ezekias sera encore un enfant.
Matthieu a certes, disons le, détourné une prophétie, qui en plus s'était déjà, en quelque sorte, réalisée. Mais l'utilisation de cette prophétie a plusieurs effets bénéfiques.
Le premier effet bénéfique est un effet de réel.
Malgré la prophétie, sur laquelle insiste Matthieu, Jésus a continué de s'appeler Jésus. Et personne, à part à la marge, ne l'a appelé Emmanuel. Si bien que l'ont faire une hypothèse : si Jésus avait été une légende, il se serait probablement appelé Emmanuel, un nom beaucoup moins courant. Or, il semble que la réalité ait résisté. Un enfant est né, qui s'appelait Jésus. Et aucune prophétie n'avait annoncé ce nom, et aucune prophétie, même détournée n'a réussi à lui faire changer son nom.
Le deuxième effet bénéfique est que cet Emmanuel peut désormais devenir un véritable surnom, avec toute sa signification. Ce surnom vient sans doute de cette ferveur qui a entouré Jésus pendant le temps bref de son ministère. Dieu-avec-nous, c'était la sensation de ce peuple qui se sentait abandonné et pour qui Jésus a restitué Dieu qui lui manquait. L'Emmanuel d' Esaie signifiait en son temps que Dieu n'avait pas abandonné son peuple. A part David et Salomon, deux seuls Rois sauvent l'honneur des lignées royales, Esdras, et Ezekias, l'Emmanuel de la prophétie d'Esaie, fils d'Acaz. Son histoire occupe les chapitres 18 et 20 du second livre des Rois , il devint roi de Juda à 25 ans et nous est présenté ainsi : "il fit ce qui est droit aux yeux du Seigneur comme David , son père. Il mit sa confiance dans le Seigneur. Après lui il n'y a pas eu de roi comme lui parmi tous les rois de Juda. Il demeura attaché au Seigneur, sans se détourner de Lui . Il garda les commandements prescrits à Moïse, le Seigneur était avec lui, il réussissait tout ce qu'il entreprenait".
L'Emmanuel de Matthieu est une prophétie détournée qui relie un des plus prestigieux rois d'Israël à Jésus, il signifie, à ses lecteurs juifs, que Dieu ne s'était pas retiré du monde, et que celui-ci, Jésus, allait non seulement le dire, non seulement le proclamer, mais le montrer. Non seulement le faire croire, mais le faire voir. Il allait être celui qui se lève, pour sauver l'honneur d'un peuple.
Jésus, celui dont aucune prophétie n'avait annoncé le nom est le témoin de ce "Dieu avec nous"
Et le troisième effet bénéfique est un appel à méditer sur ce que signifie Emmanuel, en réfléchissant bien à ce que signifie ce "nous", avec qui Dieu est .
Nous, ce n'est pas nous, contre eux, nous ce n'est pas Dieu avec nous contre eux. Le nous c'est la communauté des hommes, ce nous, c'est la communion de la création entière, ce Dieu avec nous, ce n'est pas le Dieu à nous.
Cet Emmanuel c'est encore une prophétie : c'est le Dieu qui sera avec nous quand nous pourrons enfin dire non pas que Dieu existe , mais que nous existe.
Beaucoup de gens ne croient pas en Dieu. Mais beaucoup plus de gens, largement plus de gens croient en Dieu. Mais pour que ce Dieu existe vraiment, il faudra que ce "nous" existe vraiment. Or pour l'instant, ce nous n'existe pas encore. Quand il existe, c'est encore ce "nous" en face des autres qui ne le sont pas.
Jésus est né. Il a existé. Un groupe de juifs, à l'aube de notre ère, l'a très tôt considéré comme le Christ, un autre "surnom" . Puis ce groupe de fervents, qui partageait le pain et le vin en souvenir de leur maître, ce maître qui avait voulu profaner le Temple, a été exclu des synagogues, et alors son nom, accolé à celui de Christ s'est diffusé sur toute la terre habitée, et signifiait que la présence très proche de Dieu. Comme une masse, heureuse, très proche, de la terre habitée, une masse que l'on sent, qui change la donne, le climat, les structures sociales, la morale, et le discours.
Dieu existe, il est réel, il n'est pas qu'une idée.
Mais nous, ce nous de Dieu-avec-nous, n'existe pas encore.
C'est ce nous que proclamait Jésus, en allant, dans son tout petit pays qui n'en était même pas un, rencontrer chaque parcelle de l'humanité appelée à devenir une véritable communion.
C'est ce nous que proclamait Jésus, en apprenant à prier en disant "Notre Père", comme le rapporte justement, Matthieu.
Alors oui, en ce beau jour de Noël , rappelons nous de l'autre nom, prophétique, de Jésus, ce nom, que ne lui a pas donné Joseph.
Emmanuel. Mais rappelons nous, que ce "nous" est à envisager, à comprendre, à créer.
Cet Emmanuel est un appel à créer une humanité unie, et c'est dans cet achèvement qu'enfin l'expression Dieu avec nous, prendre son véritable sens.
C'est dans cet achèvement qu'enfin, Dieu deviendra l'évidence. AMEN

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