Méditation à l'occasion de la fête de Pentecôte 2013 et des confirmations (Temple de PR)
LECTURE Actes 2.1-11
1Lorsque arriva
le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble en un même lieu. 2Tout
à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d’un violent coup de vent, qui
remplit toute la maison où ils étaient assis. 3Des langues leur
apparurent, qui semblaient de feu et qui se séparaient les unes des
autres ; il s’en posa sur chacun d’eux. 4Ils furent tous remplis
d’Esprit saint et se mirent à parler en d’autres langues, selon ce que l’Esprit
leur donnait d’énoncer.
PRÉDICATION
Ils étaient tous ensemble dans un même lieu.
C'est ce qu'ils auraient dû scrupuleusement
éviter, pour ne pas devenir une cible facile, ces juifs qui avaient trouvé en Jésus leur Christ, leur libérateur.
Néanmoins, ils l'étaient, ensemble, dans un même
lieu.
Avant ce moment, ils étaient chacun. Venus de
n'importe quoi et de n'importe où. Des gens qui menaient leur vie singulière
dans leurs clans respectifs.
Après ce moment, ils seront de nouveau chacun,
mais, voilà, ils seront, tout le temps qu'ils voudront, une assemblée.
Chacun ,
après ce moment, et même seul, et uniquement s'il le veut et le désire, sera,
si j'ose dire, tous ensemble, dans le même lieu. Même n'importe où sur la
terre, même seul sur une banquise qui fond au Groenland il pourra dire
"Notre Père" : tous ensemble, dans le même lieu, ce lieu regardé par
Dieu, l'espace de la Grâce. Une cible certes, mais la cible du regard de Dieu
qui assemble son assemblée dans le même lieu de son regard, de sa
considération.
A chaque culte, je me dis cela, je pense à tous
les chaque-un que nous sommes, venus par toutes les formes qu'a pu prendre cet
appel, pour moi de Dieu, à venir jusqu'ici, à braver le mois de novembre !* Et à
chaque fois, je n'ai pas besoin de me le dire, car c'est le sens même du culte,
qui est de faire sentir cet appel, ce désir, de l'Assemblée, unis par delà le
temps , l'espace, et toutes les singularités.
L'assemblée - c'est l'Eglise, mot qui vient du
latin et du grec, mais quand les gens de
cette époque pensaient "Eglise" ils ne pensaient pas bâtiment, ou
institution, balcon à Rome ou robe pastorale, ils pensaient à quelque chose de beaucoup plus ample que cela,
ils pensaient "ASSEMBLÉE". Assemblée permanente même quand tout le monde est dispersé et après que
chacun est retourné à ses trucs...
Voilà donc décrit dans ce
récit du livre des Actes la création de cette Assemblée. Voilà donc la création de l'Eglise. L'
assemblée des frères et des sœurs, l'assemblée qui n'a pas de frontière, ni
dans l'espace, ni dans le temps. L'assemblée des frères et des sœurs que je
suis content de voir apparaître devant mes yeux. Tu es mon frère, tu es ma sœur comment avons nous nous pu rester aussi longtemps sans nous connaitre,
sans nous percevoir même ? Pourquoi avons nous vivre aussi longtemps sans
prendre conscience de ce fait lumineux ?
L'assemblée, l'Eglise, bien
au delà du protestantisme ou du catholicisme. L'assemblée visible et invisible.
L'assemblée qui n'a qu'une morale, qu'une injonction, qu'un seul message,
qu'une seule loi, qu'une seule prophétie: tu aimeras Dieu de ton cœur, de toute
ton âme, de toute ta force, de toute ton intelligence et ton prochain comme toi
même. L'attention portée à cette simple phrase et le trésor condensé de
l'avenir non pas de l'Eglise, mais de l'humanité dont elle se veut, cette
Église, dont elle se croit le prototype, le prototype d'une humanité enfin
réconciliée avec son Dieu et avec elle même, et avec la création.
Oui, ce matin, je suis
emphatique. Pourquoi ? Parce que l'enthousiasme des premiers disciples était
tel, qu'on ne peut le décrire sans user du mode emphatique. Tant pis, s'il n'y
a pas d'autre moyen de décrire cette enthousiasme, littéralement " ce
remplissage par l'Esprit, littéralement cette "Inspiration" des premiers
disciples de ce Jésus qui ont vu en lui leur Christ, et qui ont vu dans la
méditation de son passage parmi eux le chemin de leur salut, de leur
libération. Comme les juifs, avant eux , avaient vu dans le don miraculeux de
la loi, leur libération, leur port d'attache, leur bateau, leur maison, leur
chemin, leur destination. Les autres fêtes chrétiennes, Noël, Pâques, si on
veut vraiment en rendre compte, sans caricaturer, nécessitent beaucoup de
subtilité théologique, pour ne pas en rester au Ba Ba catéchétique. Et souvent
on en reste là. Mais la fête de Pentecôte, non. Elle n'est pas subtile. Elle
est juste enthousiaste, et elle est simple. Comme la joie simple de recevoir un
cadeau qu'on n'attendait pas. C'est un don. Le don d'un nouveau souffle pour la
vie qui vient.
Cet enthousiasme de la
pentecôte est capable de venir nous toucher nous aussi, y compris dans notre
Église Protestante Unie de France et de Port Royal Quartier Latin, pour lui
suggérer de recevoir encore une fois sa confirmation, et un nouvel élan, une
nouvelle inspiration, une nouvelle fraîcheur.
Dans le même livre qui
raconte cet événement, Pierre, le disciple devenu apôtre Pierre, ou Céphas en
grec, aux grands prêtres qui lui enjoignent de se taire, répond qu'il ne peut pas ne pas parler de ce
qu'il a vu et entendu.
La confirmation de l'Eglise
c'est aussi cela, c'est un débordement. Tant pis, je parle de ce qui me rend
heureux, j'assume ma spiritualité, j'ose déclarer ma confiance, et tant pis,
tant pis si comme le dit notre passage quelques versets plus loin, certains
pensent que je suis complètement ivre.
Je n'irai donc pas plus
loin ce matin que de vous inviter à ressentir si l'Esprit de Dieu est
simplement un concept, une idée, ou une véritable force qui est capable de
remplir celui qui est épuisé.
Et j'ajouterai aussi que
j'ai été heureux, cette année, avec Claire Chaumet qui n'a pas pu être des
nôtres ce matin, d'avoir accompagné dans son catéchisme Cécile et les autres
catéchumènes, heureux pour toutes ces discussions, ces questions exigentes ,
ces réponses parfois complexes, et cet enthousiasme et cette intelligence qui
ne me fait jamais regretter d'avoir un jour choisi, par enthousiasme de vouloir
exercer ce métier.
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