PRÉDICATION 23 JUIN 2013 "le bal des hypocrites"
Psaume
63
2O
Dieu, tu es mon Dieu ;je te cherche, j’ai soif de toi,je soupire après
toi,dans une terre desséchée et épuisée, faute d’eau.3Ainsi je te contemple
dans le sanctuaire,pour voir ta puissance et ta gloire.4Parce que ta fidélité
est meilleure que la vie,mes lèvres font ton éloge.5Ainsi je te bénirai toute
ma vie,j’élèverai mes mains en ton nom.6Je serai rassasié comme de graisse et
de moelle.Des cris de joie aux lèvres, ma bouche te louera.7Lorsque je me
souviens de toi sur mon lit,pendant les veilles de la nuit, je médite sur
toi,8car tu es mon secours,et je crie de joie à l’ombre de tes ailes.9Je suis
attaché à toi ;ta main droite me soutient.
Texte
du jour (lecture par Muriel Gherardi)
Luc 9
18Un
jour qu’il priait à l’écart et que les disciples étaient réunis auprès de lui,
il leur demanda : Au dire des foules, qui suis-je ? 19Ils
répondirent : Pour les uns, Jean le Baptiseur ; pour d’autres,
Elie ; pour d’autres encore, un des anciens prophètes qui s’est
relevé. 20– Et pour vous, leur dit-il, qui suis-je ? Pierre
répondit : Le Christ de Dieu. 21Il les rabroua, en leur enjoignant de
ne dire cela à personne,
310
, 1.2.4 Oh viens Seigneur, ne tarde pas.
PREDICATION
Ils
répondirent.
C'est
drôle. En grec le verbe répondre a donné à la langue française le mot :
hypocrite. Pourquoi ?
Qu’y
a-t-il de mal à répondre ? Ne faudrait-il pas devenir « responsable » ? Qui envoie sur la notion de répondre (de).De soi, des autres...
Mais,
voilà, à partir du fait de répondre, il existe un autre chemin que la
responsabilité. Il y aussi l’hypocrisie
.
Comment
parvient-on à ce résultat ? C’est simple.
Les
hypocrites sont d'abord ceux qui donnent la réplique. Au sens originel, ce
sont donc des comédiens. Donc des gens qui
jouent un rôle. Tout ça pour arriver à l’hypocrite que nous connaissons
qui, s'il joue un rôle, le joue clandestinement, afin que ceux qui l'entourent
ne se doutent pas que ces répliques sont déjà toutes écrites, d’avance. Souvent
d’ailleurs aujourd’hui par des agents de
communication.
"vous
voulez sortir de l'europe, dit on à des représentants du front national"
"et alors, répondent-ils, David Cameron, le premier ministre anglais,
aussi, veut en sortir". C'est écrit. C'est un jeu.
Les
disciples qui répondent à Jésus, n'en sont pas des hypocrites, ou du moins, ils n'en
sont pas encore à ce stade là. Quand ils répondent à la question
sondagière de Jésus. Qu'est ce que la foule qu'est ce que
la populace, qu'est que l'indistinct peuple,
qu'est qu' "on" dit , que je suis?
Mais
cela vaut la peine de se poser un peu, pour
réfléchir un peu.
Affirmer
que par exemple les sondages tentent non seulement de nous rendre débiles,
dans le sens ancien du terme, débile
c'est à dire "faible". Mais il y a des mois et des mois, me dit-on, qu'il semble
ainsi près de mourir et que seule la ferveur entretient dans ce corps débile cette flamme près de
s'éteindre (André Gide).
mais affirmer qu'ils nous
entretiennent dans l'hypocrisie.
Question " que dit on de moi " ou "que dit on de
lui" " que dit-on de ça"
et la réponse vient
"on" dit (la
foule la masse les gens, avec l'idée folle que la foule "pense")
" on " dit ceci et cela.
Et de la sorte, moi, qui ne voit pas que c'est un jeu, une
écriture, une mise en scène, je dis "ben oui" , "il est "
ceci, cela" .
Je suis absorbé par cette fiction au point de ne plus même voir
que c'en est une, au point de n'en même plus pouvoir en sentir la profonde
hypocrisie. Au point de confondre cette mise en scène avec la vie courante, au
point de ne même plus voir que j'ai à faire à des écrivains (des story tellers
on dit en français actuellement) ou des acteurs professionnels, payés pour dire
ce que les sondages disent, et non pas, à la réalité, des choses, ou des gens.
Au point d'arriver à un tel contingent de réponses (d'hypocrises)
que je finis moi, par me fondre dans la
masse, et ne me pose plus aucune question. J'attends qu'on m'en pose, enfin,
qu'on en pose à ma catégorie socio professionnelle et à mon âge.
Après
ce point d'actualité, en forme d'
invitation à se ne jamais confondre sondage et vérité, en rappelant au
passage que c'est bien l'OPINION qui a fait "masse" qui a mis Jésus
sur une croix, après cette invitation à être de parfaits incroyants dans ce
domaine, pour arriver à débusquer l'hypocrite qui vous donne la réplique pour
vous entrainer à vous faire croire ce qu'il veut...
Il
faut rappeler aussi que ça nous concerne nous aussi, chrétiens. Notre
témoignage de l'évangile ne peut en être qu'un que s'il s'incarne. Or, délivrer
un témoignage incarné, ce n'est pas dire
ce qu'on croit que tout le monde pense.
Souvent,
trop souvent, les prédicateurs d'un texte ne se pose qu'une seule question :
qu'est ce que je dois dire ? Sous entendu, qu'est ce fragment d'évangile
"contient", comment puis je saisir, connaitre ce qu' "on"
doit penser???et la foule dans notre récit est souvent la traduction d'un mot grec qui
signifie "foule indistincte", alors ils procèdent à une sorte de
sondage d''opinion et délivre un message qui n'est rien d'autre qu'une paraphrase
non pas du récit, mais de l'Opinion. Et ainsi ils se protègent,
puisque évidemment ils ne suscitent au pire que l'ennui, et aucune contestation. Comment peut-on contester ce que tout le monde
est censé penser ou croire ?
Et
notre récit, par sa principale articulation, qui se trouve dans la seconde
question de Jésus, une formidable question est un manifeste contre l'OPINION,
cette sorte de déesse qui en grec porte le beau nom de DOXA, qui a donné tout ,
l'ortho doxie: la droite OPINION.
Et vous, qui dites vous que je suis ?
Avant
de voir les conséquences, les échos , la morale engendrée par cette seconde
question, revenons à l'hypocrisie.
Jésus
on le sait a traité par ailleurs les pharisiens d'hypocrites, littéralement .
En grec on savait bien ce que ça voulait dire : des acteurs qui prétendaient ne
pas être des acteurs et tentaient d'embarquer tout le monde,dans l'ortho-doxie,
c'est
à dire une forme de religion qui a une réponse à tout ,
comme
une pièce de théâtre tellement bien écrite qu'on s'y croirait.
Jésus,
n'était pas du côté de la réponse, il ne donnait pas la réplique. Certes, il
devait se défendre, mais son mode de défense suscitait de nouvelles questions
beaucoup plus vitales. Exemple fameux : que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle ? Jésus répond, en effet, tu aimeras ton Dieu de
toutes tes capacités, et ton prochain comme toi même. Très bien; mais l'autre
pose une nouvelle question, "qui est mon prochain" et Jésus répond,
non pas avec une formule toute faite mais par une histoire de Samaritain qui
sauve un demi mort sur la route. Et celui qui écoute la parabole, la fait
sienne, comprend tout à coup que le prochain, c'est celui qui vient à son aide,
et que c'est lui, qui se demande qui est le prochain, qui est le mort abandonné
sur la route. Et qu'il doit aimer, ce prochain qui va l'aider et le sauver. Et
le mouvement est amorcé, vers encore d'autres questions qui à chaque étape vont
dessiner un fabuleux chemin de foi. Lequel aurait été interrompu immédiatement
si on lui avait dit et bien le prochain, c'est celui qui qui a besoin de toi.
Un plus petit que toi.
C'est
la doxa qui aurait parlé. Le prochain, à aimer, c'est toujours le plus petit
que soi. Mais Jésus dit l'inverse. Au lieu de dire ce que tout le monde pense
spontanément -relisez la parabole du bon samaritain dans le livre de Luc - il
entraine un mouvement. Un mouvement de relèvement = je saisis la main de celui
qui me vient en aide. Ce n'est pas ortho-doxe.
Le
témoignage de l'évangile, chers amis, doit suivre la méthode de Jésus. Et sa
méthode c'est d'abord d'écouter la question qu'il pose à ses disciples dans ce
texte : "et vous qui dites vous que je suis ".
Pierre
se précipite pour répondre "LE CHRIST DE DIEU"
Très
bien. Mais Jésus invite ses disciples de ne dire cela à personne. L'important
n'était pas là, l'important est "et vous qui dites vous que je suis"
Sous
entendu, mon message vous devez l'incarner et pas vous contenter de dire une
formule. Tu peux dire que Jésus est Le CHRIST de Dieu mais si Christ ne veut
rien dire pour toi, si tu n'as jamais cherché comment ça pouvait te concerner
toi, dans ta propre vie, pas la vie des répliques, des questions et des
réponses d'un catéchisme à faible teneur intellectuelle, si tu n'as pas incarné
cette formule, en fait, tu n'es pas un témoin.
Etre
témoin c'est te saisir de ta propre parole.
Ce
que j'ai toujours aimé chez Jésus c'est ce passage permanent du commun, du
"on" à la dimension personnelle. Et c'est extraodinaire que ce
passage ait déjà effectué dans des récits qui ont 2000 ans. Lui même le dit,
explicitement, et c'est même une formule clé pour comprendre la bonne nouvelle
de Jésus :
« Vous avez appris qu’il a été dit :.... Mais moi, je
vous dis…. »
Cela rejoint notre récit : vous entendez dire des avis sur qui je suis,
mais vous, que dites vous ?
Si nous méditons bien ce passage là, je veux dire ce passage de la
DOXA à la parole singulière, nous comprendrons mieux ce que veut dire
l'incarnation, nous comprendrons vraiment, ce passage de la soumission à la loi
au régime de la grâce, nous saurons que notre parole touchera quand nous
l'incarnerons.
Et nous ne serons plus jamais victimes non consententes des
sondages, de toutes les formes d'orthodoxie qui polluent l'esprit de réponses à
des questions qu'on ne se pose pas et qui n'ont pas d'importance, et nous
saurons comment progresser dans notre vie spirituelle, avec intensité,
intelligence et véritable conviction.
« Vous avez appris qu’il a été dit :.... Mais moi, je
vous dis…. » AMEN
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