PRÉDICATION DU 7 JUILLET 2013 " Ce n'est pas grave"
Volonté de Dieu
PHILIPPIENS 4
C'est pourquoi, mes
bien-aimés, et très chers frères, vous qui êtes ma joie et ma couronne,
demeurez ainsi fermes dans le Seigneur, mes bien-aimés!
J'exhorte Évodie et
j'exhorte Syntyche à être d'un même sentiment dans le Seigneur.
Et toi aussi, fidèle
collègue, oui, je te prie de les aider, elles qui ont combattu pour l'Évangile
avec moi, et avec Clément et mes autres compagnons d'oeuvre, dont les noms sont
dans le livre de vie.
Réjouissez-vous toujours
dans le Seigneur; je le répète, réjouissez-vous.
Que votre douceur soit
connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche.
Ne
vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos
besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de
grâces.
Et la paix de Dieu, qui
surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées en Jésus Christ.
Au reste, frères, que tout
ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui
est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l'approbation, ce qui est
vertueux et digne de louange, soit l'objet de vos pensées.
Ce que vous avez appris,
reçu et entendu de moi, et ce que vous avez vu en moi, pratiquez-le. Et le Dieu
de paix sera avec vous.
247.3
Prière d'illumination
Seigneur, fais résonner ta parole dans nos cœurs et dans nos vies.
AMEN.
Lecture
Luc 10.1-20
1Après cela, le Seigneur en désigna soixante-douze autres et les envoya devant lui, deux à deux, dans toute ville et en tout lieu où lui-même devait se rendre. 2Il leur disait : La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. 3Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. 4Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. 5Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : « Que la paix soit sur cette maison ! »6Et s’il se trouve là un homme de paix, votre paix reposera sur lui ; sinon, elle reviendra à vous. 7Demeurez dans cette maison-là, mangez et buvez ce qu’on vous donnera, car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. 8Dans toute ville où vous entrerez et où l’on vous accueillera, mangez ce qu’on vous offrira, 9guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : « Le règne de Dieu s’est approché de vous. » 10Mais dans toute ville où vous entrerez et où l’on ne vous accueillera pas, allez dans les grandes rues et dites : 11« Même la poussière de votre ville qui s’est attachée à nos pieds, nous la secouons pour vous la rendre ; sachez pourtant que le règne de Dieu s’est approché. »
PRÉDICATION
Les disciples ne sont pas restés accrochés à leur Maître comme des
moules sur un rocher. Non.
Ils sont partis en mission. Et ce matin j'ai vu une caractéristique de
cette mission. Une caractéristique qu'on
retrouve aussi dans le texte de Philippiens, que j'ai lu tout à l'heure.
Et cette caractéristique
est double : c'est d'abord
"s'attacher à ce qui bon". et " ne pas s'embarrasser avec ce qui est nuisible"
"s'attacher à ce qui bon"
Paul dit aux gens de l'Eglise de
Philippe :
que
tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce
qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l'approbation, ce qui
est vertueux et digne de louange, soit l'objet de vos pensées.
Ça n’intéresse plus grand monde aujourd'hui, la philosophie, mais l'attachement au
vrai, au bon, au beau c'est déjà chez Platon, 500 avant qui nous raconte que
quand on fait ça, quand on aime ce qui est vraiment aimable, c'est le
moment où l'on sent que la vie vaut d'être vécue, c'est le moment où l'on
contemple la beauté en elle-même.
Vous
l'avez vécue, non, déjà, cette émotion, du beau, du bon, du vrai, qui vous
arrache des larmes qui ne sont pas des larmes de tristesse. De belles larmes
qui coulent pour vider un peu ce bon heur qui s'empare de vous. Les
recommandations chrétiennes en font une espèce de catéchisme un peu scolaire,
mais c'est un peu la même idée.
On
va dire que c'est la mise en pratique de cette idée philosophique, liée à la
découverte de ce sentiment profond qui surgit quand on sort enfin du monde
creux de nos illusions.
"s'attacher à ce qui bon" donc mais aussi son corollaire
que l'on trouve dans les recommandations de Luc " ne pas s'embêter avec
tout ce qu'on ressent comme fâcheux, nuisible, pervers, méchant, vide, creux,
obtus et fermé". Oui, bonne idée ? C'est possible ? Ben, je n'en sais
rien. Mais tout ce que je peux dire c'est que la Bible, elle-même le dit ! Vous voulez dire qu'on n'est plus obligé de
composer avec tout ce qui nous mine ? Nous contamine ?
Vous
allez dans une maison, vous trouvez un homme de paix, votre paix reposera sur
lui, sinon s'il est incapable de la
recevoir, cette paix que vous lui avez donnée elle reviendra sur vous, et vous
repartirez en paix et donc :
Ce n'est pas grave. Ne vous acharnez pas. L'important est que vous,
vous restiez avec cette paix qui est le don suprême. Shalom.
Mangez
et buvez ce qu'on vous donnera. Sous entendu: 1) ne commencez pas à vous plaindre de ce qu'on vous donne d'une
part (c'est le syndrome de notre société d'abondance, où tout ceux qui ont un
toit, de l'eau potable, de la nourriture, et de la lumière se plaignent. Ne
vous plaignez pas.
Et
ensuite : ne criez pas famine, ne protestez pas de leur éventuelle
pingrerie. N'allez pas de maison en
maison pour chercher la pitance comme des moineaux. Vous mangerez ailleurs, ou plus tard. Ou vous jeûnerez.
Ce n'est pas grave.
Quand
vous êtes accueillis, faites ce que vous avez à faire : guérir les malades et
ensuite surtout proclamer que le règne de Dieu s'est approché, car le règne de
Dieu, c'est vous, petit troupe fragile au milieu des loups. Petits agneaux.
Fragiles.
Au milieu des loups.
Mais
fiers.
Si
on ne vous accueille pas, hé bien secouez la poussière de vos pieds. Elle
appartient à la ville qui ne vous a pas
accueillie. C'est la poussière vers laquelle ils retourneront, sans avoir vécu
l'expérience inouïe de la proximité du règne de Dieu. Sans le voir, sans le
sentir. Sans rien. Et vous savez quoi ?
Ce n'est pas grave !
Voilà le prototype de la
mission chrétienne originelle. Ce n'est pas une mission de lutte contre le mal.
Ce n'est pas une mission basée sur l'acharnement du missionnaire qui
consisterait à convertir les gens à tout prix.
C'est une mission qui un
objectif : proclamer en chair et en os que le royaume de Dieu s'est approché-
la chair et les os, le souffle et la joie, de ceux et celles qui sont envoyés.
C'est une mission qui se
pose une limite à ne pas franchir : celle de ne pas se retrouver à composer
avec les loups.
C’est très étonnant,
d'ailleurs, cette subversion des principes de la mission originelle, puisque le
christianisme s'est transformé en prédateur des âmes, des cultures, des
coutumes.
Peut-être que la
recommandation de Jésus consistait-elle justement à ne pas se retrouver comme
des loups au milieu des loups.
Et enfin c'est une mission légère : elle ne s'empèse
pas de bourse, de sac, de sandales ou de politesses, et d'aucun fardeau moral,
d'aucune culpabilité.
On n'accepte pas la paix
que vous voulez donner ? Elle revient vers vous.
On ne vous nourrit pas. ?
Vous mangerez plus tard. Après tout, on raconte que votre Seigneur Jésus Christ
a jeûné, avant d'entamer sa mission, près de 40 jours.
On ne vous accueille pas ?
Laissez la poussière à ce qui n'est que poussière.
Ce n'est pas grave. Vous
êtes le royaume de Dieu, en chair, en os, et en esprit.
Cette méthode et cette
morale missionnaires peuvent devenir aussi la morale et la méthode quotidienne
de la personne chrétienne.
Avant même qu'elle prenne conscience d'être un élément du
royaume de Dieu.
En avez vous pris
conscience, petit troupeau rassemblé ce petit matin d'été, que vous êtes le
royaume de Dieu qui s'approche quand vous vous approchez en conscience de votre
frère humain ? Peut-être pas. Ce n'est pas grave.
Déjà nous pourrions adopter
cette attitude.
Pourquoi irais-je ruiner ma
vie avec une personne qui ne veut pas partager la paix. Faut-il que je sacrifie
ma vie et que je perde avec elle mon seul bien finalement, la paix du Seigneur,
plantée dans mon cœur ?
Non. Il ne la veut pas.
Tant pis. Ce n'est pas grave.
Pourquoi irais-je ruiner ma
vie en voulant à tout prix ce qu'on ne veut pas me donner ? Consacrer ma vie à
l'arracher à tout prix ? Tant pis, ce
n'est pas grave. Le Seigneur me donnera les réelles opportunités dont j'ai
besoin et mettra sur ma route les opportunités qui feront que les dons que j'ai
excelleront, et peut-être dans une voie imprévue au départ.
Pourquoi irais-je ruiner ma
vie à essayer de transformer l'autre en moi-même ? Est ce que c'est possible ?
Est ce que ça vaudra la peine ? Il ne veut pas ? Tant pis.
Pourquoi irais je toujours,
attiré par je ne sais quelle pente, par je ne sais quelle loi de la gravitation
universelle, vers le bas et pour prendre le contre pied de la lettre aux
philippiens pour courir vers tout ce qui n'est pas honorable, tout ce qui est injuste, tout ce qui est impur, tout ce qui
est haïssable, tout ce qui mérite la désapprobation, tout ce qui n'est pas
vertueux et tout ce qui est indigne de louange.
Concrètement,
pourquoi je me passionne pour les faux problèmes, les chamailleries, la
misanthropie, le jugement, pourquoi ruinerais je ma vie en me laissant
volontairement contaminer par tout ça ? Ce n'est une obsession de la pureté.
C'est du pragmatisme pur.
Les
recommandations de Paul et de Jésus sont très pragmatiques : ne prenez que le
meilleur. Le reste, laissez tomber.
Et
vous savez quoi ?
Ce
n'est pas grave !
Vous n'avez pas que ça à faire. Votre vie mérite mieux que ça.
Et ce sera le moyen de retrouver la paix de Dieu plantée dans votre cœur.
Et
là, après cette séance de décontamination. Vous serez peut-être prêts. Prêts
pour la mission. Car vous êtes le royaume de Dieu qui s'approche, et qui donnez
la paix de Dieu à ceux qui sont susceptibles de la recevoir.
Entre
la mission prédatrice des fous de Dieu, et l'absence de gestes et de paroles
typique d'une église embarrassée dans sa perte de confiance....
...Il
y a cette mission exprimée dans le
nouveau testament. Notre Église protestante veut redevenir une église
d'annonce ? C'est-à-dire en fait, redevenir une Eglise ? Et bien voilà la méthode.
Simple,
agissante, confiante, fière, pragmatique
et réellement paisible.
Que
la paix de Dieu brille dans tous nos cœurs.
AMEN.
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