PRÉDICATION PS 23 (présentation d'un enfant)

LECTURES

PSAUME 23


Cantique de David. L'Éternel est mon berger: je ne manquerai de rien. [2] Il me fait reposer dans de verts pâturages, Il me dirige près des eaux paisibles. [3] Il restaure mon âme, Il me conduit dans les sentiers de la justice, A cause de son nom. [4] Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi: Ta houlette et ton bâton me rassurent. [5] Tu dresses devant moi une table, En face de mes adversaires; Tu oins d'huile ma tête, Et ma coupe déborde. [6] Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront Tous les jours de ma vie, Et j'habiterai dans la maison de l'Éternel Jusqu'à la fin de mes jours.




Ce n'est donc pas un simple chemin linéaire qui est décrit dans le psaume 23, c'est un retour vers celui dont nous nous sommes éloignés.

Ce chant est celui que dans notre vie, nous avons souvent besoin d'entendre. Ce chant a une place considérable dans notre vie spirituelle. Nous en avons besoin et il nous soutient, il vient éclairer notre confiance.

Aussi je vous propose ce matin de le parcourir, simplement, de l'égréner, d'en découvrir quelques nuances. Pas à pas.

L'Eternel est mon berger.


Deux choses sur cette affirmation. Elle vient d'un temps, d'un temps bien avant notre époque, où les poètes n'hésitaient pas à prendre ce type d'image- en l'occurrence celle d'un éleveur nomade, un conducteur de troupeau - pour désigner Dieu. 
Et ce faisant, ils n'hésitaient pas non plus à se concevoir eux-mêmes comme par exemple, une brebis, ou un mouton. Parce que dans ce temps là, les animaux et la vie en général, étaient respectés. 
Ce n'est plus le cas aujourd'hui, mais c'était le cas alors, et il était donc valorisant de se faire valoir comme une brebis, parce que même une brebis, un mouton, malgré leur utilité, n'étaient pas de la viande. Mais des animaux, c'est à dire des êtres emplis du souffle divins comme tous les êtres vivants. Donc, oui, je suis un mouton, une brebis, parce qu'en ce temps là, les bergers, les éleveurs étaient respectueux. Pas tous, certes. Mais la plupart. Plus globalement, les humains n'avaient pas inventé cette séparation totale dans laquelle nous sommes encore, entre les règnes animal et humain.

La seconde chose que je voudrais relever c'est l'étonnant de cette formule. 
Il est "mon" berger. Moi , je ne  parle pas au nom d'un troupeau. Je ne dis pas : il est notre berger. Je suis une brebis individuelle et ce berger de mon point de vue n'est pas que le berger de la masse mais de moi, créature, qui a besoin d'un guide.

Alors déjà je voudrais ça pour Althéo. Certes, tu fais partie d'une communion de frères et des sœurs -une communion universelle- mais c'est ta relation à ton Dieu qui va être encore plus importante. C'est toi et non pas tout le monde qui as été baptisé et c'est toi qui reçois aujourd'hui la bénédiction et qui est présenté.

Continuons, mes remarques seront plus courtes, pour ne pas troubler votre propre perception de ce psaume. Juste là pour en éclairer un peu quelques dimensions.

Il me fait reposer dans de verts pâturages, Il me dirige près des eaux paisibles. 

 Ce n'est pas anodin. D'abord ce psaume vient du proche orient, région où il faut quand même marcher pour rejoindre des verts pâturages. De même,  ces brebis doivent pouvoir boire sans avoir peur, c'est à dire pas dans le tumulte d'un torrent. Elles  ont besoin d'être dirigées par un berger inventif, car ce sont des créatures d'habitudes. Laissées à elles mêmes, elles prennent toujours le même chemin, creusent des ornières, broutent jusqu'à ce que le champ devienne un désert... 
Pas la peine d'aller plus loin dans l'allusion au comportement humain.
Les eaux paisibles ? Dans la mentalité hébraïque les eaux sont d'abord menaçantes. 

Il restaure mon âme, Il me conduit dans les sentiers de la justice, A cause de son nom

L'âme en hébreu c'est un organe qui est en gros la gorge, le lieu du passage du souffle et de la nourriture. Restaurer l'âme veut dire réparer l'organe de la communication avec Dieu. Un organe spirituel, certes, mais très concret aussi. Sans ce passage du souffle de Dieu, nous sommes desséchés. Comme un violon dont l'âme est brisée et qui ne vibre plus.

Et maintenant s'éclaire le chemin: celui de la justice
Ce chemin je ne l'aurais pas découvert si je n'avais pas d'abord été reposé, abreuvé, restauré
 La justice. Je n'entrerais pas dans l'explication de ce mot dans la théologie biblique, juste je vous dis que c'est la notion la plus importante de la Bible. Et de loin. C'est la notion capitale.

 Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi: Ta houlette et ton bâton me rassurent. [5] Tu dresses devant moi une table, En face de mes adversaires;


Nous sommes prêts désormais à affronter la réalité, avec cette mort qui plane en permanence, en embuscade. Pour chacun. Le psalmiste exprime maintenant une confiance totale, et la fin de la peur. La fin de la peur.  Cette peur devenant angoisse, vous tord les boyaux  et vous révulse. C'est terminé. Même les adversaires ne font plus peur.

Tu oins d'huile ma tête, Et ma coupe déborde. [6] Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront Tous les jours de ma vie,

Ce n'est pas la fin mais le point d'orgue. L'huile qui coule sur ma tête signifie la dignité messianique car c'est ainsi qu'on désigne le Roi, le Messie qui veut dire "celui qui a reçu l'onction". Je participe de cette messianité comme les chrétiens ont voulu le dire en désignant celui de Nazareth comme le Messie.

Et voici la finale :

 Et j'habiterai dans la maison de l'Éternel Jusqu'à la fin de mes jours.

 Mais là je suis obligé de faire une remarque exégétique. Dans ce qu'on appelle la tradition massorétique,  c'est à dire la Bible rédigée en hébreu, ce n'est en fait pas le verbe "habiter" au futur - c'est une histoire de syllabe qui fait la différence- le verbe est "revenir" ou "retourner" au présent.
Je reviens, je retourne dans la maison de l'éternel jusqu'à la fin de mes jours.
Dans cette tradition textuelle-ci , le psaume 23 exprime une conversion. Ce n'est pas étonnant, il suit le psaume 22 qui dit après avoir vécu l'abandon, "mon dieu, pourquoi m'as tu abandonné" c'est la question de Jésus sur la croix, contient vers sa fin un retournement , David retourne à la maison de l'Eternel : "Tu seras dans la grande assemblée l'objet de mes louanges. J'accomplirai mes vœux en présence de ceux qui te craignent et se met à penser universellement : "Toutes les extrémités de la terre penseront à l'Éternel et se tourneront vers lui "

Ce n'est donc pas un simple chemin linéaire qui est décrit dans le psaume 23, c'est un retour vers celui dont nous nous sommes éloignés. Ce retour est progressif, repos, nourriture, soif étanchée, diapason de la justice, cessation de la peur, malgré les embûches permanentes, louange débordante, certitude la grâce.
C'est le chemin de la conversion.
Voilà donc mon message de ce matin, frêle matin d'une fin d'été, mais jour de joie avec Althéo, présent avec nous, qui nous remplit d'espérance.


       AMEN

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