PRÉDICATION - La mémoire de Dieu.
ESAIE 40/08
Une mémoire, mais aussi un coeur, un coeur immense et rempli de cette gigantesque masse de sensations, de douleurs, de mots, d'années, d'émotions, de déception, d'amour, de joie , de tendresse, de volonté, d'échecs, de désillusions et d'espoir qui constituent toutes nos vies.
Une mémoire, mais aussi un coeur, un coeur immense et rempli de cette gigantesque masse de sensations, de douleurs, de mots, d'années, d'émotions, de déception, d'amour, de joie , de tendresse, de volonté, d'échecs, de désillusions et d'espoir qui constituent toutes nos vies.
Une voix
dit : Crie ! -Et il répond : Que crierai-je ? Toute chair est comme l'herbe, Et
tout son éclat comme la fleur des champs.
L'herbe
sèche, la fleur tombe, Quand le vent de l'Éternel souffle dessus.
Certainement
le peuple est comme l'herbe :
L'herbe
sèche, la fleur tombe ; Mais la parole de notre Dieu subsiste éternellement.
Éternel ta parole est la
vérité, sanctifie nous par ta vérité. Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier.
Prédication
Émilienne lisait sa Bible et une
des fois où nous sommes vus et parlés - elle a très peu parlé- ça, elle me l'a
dit.Et ce passage, Philippe, vous me l'avez dit, a été mis en exergue.
L'herbe
sèche, la fleur tombe ; Mais la parole de notre Dieu subsiste éternellement.
Et ce passage, c'est le conducteur de la méditation qu'elle nous
propose pour ce matin.
Ce frêle matin de fin d'été. Ou nous formons une assemblée, où
nous assemblons nos souvenirs. Où nous rendons hommage. Pourquoi l'a t'elle mis
en valeur ? Sans doute par ce qu'elle était consciente de la réalité tout
simplement. La réalité de la fugacité des choses et des êtres. Ils passent.
Ce que la Bible décrit, ici et ailleurs, c'est bien cette réalité
à laquelle nous avons du mal à nous accommoder Ce n'est pas exactement du
dépérissement que la Bible parle, mais c'est plutôt l'incessant mouvement de
transformation qu'elle évoque. Certes, quand on dit l'herbe sèche, la fleur
tombe, on pense aussitôt au dépérissement. Mais quand on fait résonner ce texte
avec bien d'autres textes bibliques, c'est bien la transformation qui est
évoquée. Certes, la fleur n'existe plus en tant que fleur, mais elle devient
autre chose, qui n'est plus une fleur, mais qui est autre chose. Et toute la
réalité est comme ça. On s'en rend compte souvent quand on revient quelque
part bien des années après. Ce champ là
où nous jouions enfants est devenu une résidence, ce chemin encombré de ronces
est devenu une route, ces adultes que nous croisons, déjà un peu voutés sont nos
copains d'enfance, et ces vieillards sont leurs parents.
Dans le contexte du verset qu'Emilienne a choisi, le prophète
Esaie tente de consoler son peuple, qui se voit lui même, comme une fleur qui
tombe, une herbe qui sèche.
Il les rassure en disant que "la parole de Dieu subsiste,
elle, éternellement"
La parole en hébreu ce n'est pas une idée, un texte, un concept ou
je ne sais quoi, c'est comme un être vivant, c'est presque une façon de dire
Dieu, de dire Dieu qui d'abord est Parole, la parole qui a fait résonner
l'univers à sa création, la parole qui le maintient, la parole qui s’infiltre entre des personnes quand celles-ci ont de l'empathie réciproque, de la
tendresse,l a parole qui vous parle à vous-même quand vous vous dites la vérité,
la parole qui n'oublie rien, ni personne, depuis le fondement des temps et pour
l'éternité, la parole qui n'a pas de commencement ni de fin, et qui subsiste,
présente, dans tous les mouvements et les transformations dont certaines se
déroulent sous nos yeux, au cœur même de nos courtes vies. Et ce que le
prophète dit vraiment à son peuple, ce qu'il lui suggère, et c'est un message
que finalement Émilienne envoie ce matin à chacun de nous, c'est que si
cette parole est présente, éternellement présente, par delà la transformation
incessante des choses et des êtres, c'est qu'il subsiste une mémoire pour tout
cela, pour tous ceux là, pour tous ceux et celles qui à nos yeux disparaissent,
ont disparu. Une mémoire, mais aussi un coeur, un coeur immense et rempli de
cette gigantesque masse de sensations, de douleurs, de mots, d'années,
d'émotions, de déception, d'amour, de joie , de tendresse, de volonté,
d'échecs, de désillusions et d'espoir qui constituent toutes nos vies. Une
mémoire éternelle dans cette parole qui subsiste éternellement. Une mémoire qui
fonde ce monde que nous sommes incapables, et c'est normal de voir en d'autres
termes que ceux de séparation, de fin, de début, mais qui n'est qu'un
mouvement, de transformation, permanent. C'est notre condition humaine.
Ce qu'Esaie dit vraiment : c'est que l'herbe peut sécher, la fleur
peut bien tomber, mais rien ne sera oublié.
Et Émilienne que vous gardez dans vos cœurs vous ne l'oublierez
pas, mais ce qu'Esaie affirme à son peuple, dont nous sommes aujourd'hui,
puisque nous l'entendons, des millénaires après, c'est que même après nous, elle ne sera pas oubliée.
La spiritualité profonde, au delà des croyances particulières
elles est là: dans ce creuset que la Bible appelle la Parole de Dieu, mais que
d'autres religions nomment autrement,
qui comprend tout, et qui nous permet de ne pas être désemparé devant ce
qui nous semble tellement fugitif , mouvant et fragile.
Un jour, qui sera le véritable premier jour, ce mouvement touchera
à son terme, ce jour là est décrit de la façon suivante dans le dernier livre
de la Bible.
Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu.
Commentaires
Enregistrer un commentaire