Prédication 20 octobre

LECTURES BIBLIQUES
Lecture :Luc 18.1-8
1Il leur disait une parabole, pour montrer qu’il faut toujours prier, sans se lasser. 2Il dit : Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et qui n’avait d’égard pour personne. 
3Il y avait aussi dans cette ville une veuve qui venait lui dire : « Rends-moi justice contre mon adversaire ! » 
4Pendant longtemps il ne voulut pas. Mais ensuite il se dit : « Bien que je ne craigne pas Dieu et que je n’aie d’égard pour personne, 5néanmoins, parce que cette veuve m’importune,
 je vais lui rendre justice, de peur que jusqu’à la fin elle ne vienne me casser la tête. 
6Le Seigneur ajouta : Entendez ce que dit le juge injuste. 7Et Dieu ne ferait pas justice à ceux qu’il a choisis, alors qu’ils crient vers lui jour et nuit ? 
Il les ferait attendre ? 
8Je vous le dis, il leur fera justice bien vite. Mais quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?




PREDICATION
Ainsi donc il faudrait toujours prier sans jamais se lasser, à la fois en allant rappeler à l'ordre celui dont la fonction est d'exercer une responsabilité
et aussi par une espèce d'analogie , en allant faire la même chose avec Dieu, dont la fonction biblique est en effet d'établir et en général de rétablir la justice :
Parlons un peu de cette justice qui est le thème le plus important de la Bible.
Plus important que le droit, que la loi, que la morale.
Le rétablissement de ce qui est juste, c'est en valeur biblique ce qui ajusté à la volonté de Dieu pour le monde. Le but est qu'on puisse découvrir que l'émotion qui a présidé à la création de ce monde n'est que de l'amour.
La justice est le chemin vers la révélation de l'amour.
Mais si c'est une justice d'amour, cela reste une justice, c'est à dire qu'elle agit et qu'elle tranche pour que le monde se révèle tel qu'il est.


L'évangile du Christ est arrivé dans un lieu et dans un moment où plusieurs sortes de justices s'affrontaient. La justice de Rome, la justice des pharisiens, la notion de justice propre à chacune des sectes juives. Mais, semble-t-il, tous ces acteurs de justice avaient oublié l'émotion première. C'est cette émotion et cette intention qui se sont révélées à beaucoup de gens qui suivaient les actes et les paroles de Jésus.
L'évangile de Luc est typique de cette appropriation. Il est l'évangile de la fusion de la justice et de l'amour. Son écriture s'adresse à des gens, non issus du judaïsme, qui 50 ans après la mort de Jésus, celèbrent encore son nom.




Mais 50 ans, ça veut dire en gros que les fondateurs du mouvement sont morts, et que peut-être ça ne joue plus avec la même énergie que dans le temps, d'autant plus que les jeunes lecteurs ou auditeurs de Luc, cette énergie, ils en avaient juste entendus parler. Comme nous, en fait.
Il faut toujours, pour bien comprendre les évangiles qui parlent de Jésus, que ce sont des textes qui ont été lus et entendus par des gens 50 ans au moins après la mort de Jésus. Les évangiles s'adressent à eux, dans leurs divers milieux. Si vous procédez ainsi vous apercevrez tout le relief de ces récits, et même si vous prenez part aux aventures de Jésus, vous resterez quand même toujours, la génération d'après ces événements.
C'est comme ça que les évangiles s'adressent à nous : comme à des gens qui sont la génération d'après les événements. Sinon, si on fait pas ce truchement, on ne peut pas réellement comprendre les textes des évangiles.
Nous sommes dans la position d'auditeurs à qui on raconte et non pas dans la position illusoire des réels compagnons de Jésus, comme si rien ne s'était passé après, comme si nous-mêmes, n'avions pas existé.
Nous ne rencontrerons jamais Jésus dans les chemins de Palestine au début de notre ère. Mais nous pouvons rencontrer son souffle là où nous sommes aujourd'hui.
C'est ce que je viens de vous dire, mais c'est bien sûr ce que dit Luc à travers ce passage :
Oui, Luc cherche à redonner de l'energie à ses compagnons qui semblent se lasser. 50 ans après le Christ n'est pas de retour.
Il leur dit : Celui qui vous a élu ne vous oubliera pas, car manifestement vous en doutez parce que vous pleurez jour et nuit, mais écoutez bien la parabole de Jésus que je vous transmets :
Le juge qui ne voulait pas rendre la justice, qui considérait Dieu au mieux comme une hypothèse non active, ce juge là, il a fini par décider d'agir, pourquoi ? Parce qu'il avait peur d'une femme qui menaçait - et en grec c'est épatant - qui menaçait de lui mettre des cocards, des yeux au beurre noir !
Donc vous, vous vous plaignez. Mais avez vous ne serait ce qu'un centième du courage de cette femme pour obtenir la justice, la vraie, autour de vous?
Vous ignoriez peut -être que la justice, celle que vous ne maîtriserez jamais, et dont vous ne mesurez jamais l'ampleur, vous ignoriez peut -être que cette justice, en fait, doit passer par vous. Pas pour vous ériger en juge, mais pour agir, aussi vigoureusement que cette femme qui avait tout perdu, dont le nom qui la désigne comme veuve en grec signifie une béance.
Elle y va.
Elle affronte un monde qui ne lui rend pas justice. Elle exprime la volonté de Dieu, par ses actes.
Comme Jésus, celui qui a raconté cette parabole, a affronté le Temple de la justice, celui de Jérusalem, vers laquelle il se dirige, marchant au milieu d'une foule qui l'interroge, l'écoute, l'acclame, l'espionne.
Il est aussi cette veuve, cette béance, qui va vers le Temple pour lui dire qu'il n'est plus le centre, qu'il n'est plus fécond de la justice de Dieu.
Ce Temple, dit Luc à ses auditeurs a été détruit, il y a une dizaine d'années. Aujourd'hui le Temple de Jérusalem, c'est chacun de nous, à condition que nous ne renoncions pas à la justice. Non pas pour juger le monde, ou les gens, mais pour ouvrir la voie à la reconnaissance qu'il est un monde merveilleux, mais nous le blessons sans cesse avec notre oubli de la justice pour les enfants de Dieu. En particulier envers les plus pauvres, les femmes, les veuves, les enfants, les malades, toutes ces catégories dont je vous parle tout au long de mon évangile. Ils représentent l'immense majorité de la population, et étrangement elle est exclue . Mais exclus par qui ? Par ceux qui n' appartiennent pas ou qui ne croient appartenir à aucune de ces catégories ?
En tous les cas, pas exclus de Dieu. Vous vous priez Dieu mais eux ils désirent la justice. Le mot prier en grec, contient la notion de désir. Prier c'est désirer, c'est ne pas contenter de vouloir, ou d'aimer que quelque chose se passe.
Luc s'adresse t il à une Eglise qui a perdu le désir de Dieu ?
Voici donc le double enseignement complexe de ce passage.
Nous avons perdu le désir de Dieu parce que nous avons perdu le désir de la justice. Nous pleurons pour réclamer la justice et avons oublié que cette justice passe par nous et doit s'exercer envers les plus faibles, dont nous sommes, partiellement ou totalement. Ayant perdu le désir, il n'est pas étonnant que nous ayons oublié l'émotion première de l'amour.
Et Luc leur dit aussi :Alors retrouvez ce dont vous êtes capables. Réussir à faire peur à quelqu'un qui n'avait même pas la peur de Dieu ! Quelqu'un qui refusait d'exercer sa responsabilité.
C'est drôle, quand même comme il vous ressemble ce juge. C'est pourquoi d'ailleurs moi Luc je m'approche de vous comme cette veuve s'approche de ce juge
Moralité synthétique :

Pour ne pas rester comme ce juge, devenez cette femme. AMEN.

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