Prédication 6 octobre 2013
LECTURE
Evangile de Jésus-Christ
selon Matthieu
(Mt 13, 1-9)
Ce jour-là,
Jésus était sorti de la maison,
Et il était assis au bord
du lac.
Une foule immense se
rassembla auprès de lui,
Si bien qu’il monta dans
une barque où il s’assit ;
Toute la foule se tenait
sur le rivage.
Il leur dit beaucoup de
choses en paraboles :
« Voici que le
semeur est sorti pour semer.
Comme il semait,
Des grains sont tombés au
bord du chemin,
Et les oiseaux sont venus
tout manger.
D’autres sont tombés
sur le sol pierreux,
Où ils n’avaient pas
beaucoup de terre ;
Ils ont levé aussitôt
Parce que la terre était
peu profonde.
Le soleil s’étant levé,
ils ont brûlé
Et, faute de racines, ils
ont séché.
D’autres grains sont
tombés dans les ronces ;
Les ronces ont poussé et
les ont étouffés.
D’autres sont tombés
sur la bonne terre, et ils ont donné du fruit
A raison de cent, ou
soixante, ou trente pour un.
Celui qui a des oreilles,
Qu’il entende ! »
PREDICATION
Faisons un peu de grec,
juste une fois pour nous apercevoir que l'étymologie du mot
parabole- qui désigne en français une petite histoire apparemment
simple, signifie en grec "jeter à côté". Ce qui déjà
nous renseigne sur quelque chose de troublant. Jeter à côté - de
soi, c'est aussi le geste d'un semeur, qui jette, à côté de lui,
des graines - le geste auguste du semeur :
Il marche dans la plaine immense,
Va, vient, lance la graine au loin,
Rouvre sa main, et recommence,
Et je médite, obscur témoin,
Pendant que, déployant ses voiles,
L'ombre, où se mêle une rumeur,
Semble élargir jusqu'aux étoiles
Le geste auguste du semeur.
Il marche dans la plaine immense,
Va, vient, lance la graine au loin,
Rouvre sa main, et recommence,
Et je médite, obscur témoin,
Pendant que, déployant ses voiles,
L'ombre, où se mêle une rumeur,
Semble élargir jusqu'aux étoiles
Le geste auguste du semeur.
Et l'on sait aussi que
cette parabole là, cette petite histoire, est la première de toutes
les paraboles de Jésus, elle en est la génitrice.
Cette parabole est jetée
dans le territoire de notre assemblée. Ou va t-elle tomber ? C'est
donc comme si aujourd'hui quelqu'un aujourd'hui, un semeur, jetait ses graines en forme de petites histoires apparemment simples, et que
nous, nous étions...les terrains.
Jésus sort de la maison.
Le semeur sort pour semer. Jésus raconte une parabole où un semeur
sème. Jésus sème son évangile.
Mais ne le sème il pas
n'importe comment ? Ne pourrait-il pas imaginer de rationaliser un
peu son travail. Quel besoin a t-il de jeter ses invitations à
ressentir la vie de Dieu , n'importe où, semble-il.
Au bord du chemin. Sur un
sol pierreux. Dans les ronces.
Comment peut-il imaginer
que la vie prenne-là. Et la parabole le dit bien : les oiseaux
mangent les graines au bord du chemin, les graines dans le sol
pierreux croissent et rapidement meurent, où elles vont étouffer
dans les ronces.
Provocation de Jésus.
Provocation de l'Evangile face à son lecteur.
Comment réagir ?
Je peux très bien ne pas
m'émouvoir de cette histoire mais finalement je vais être conduit à
me demander si par exemple, je ne suis pas ce bord du chemin, où
tout ce qui pourrait me permettre de recevoir un peu de vie est tout
de suite volé par les autres, si bien que je reste, moi, ce bord du
chemin, à la marge d'une société ou d'un monde toujours trop grand
pour moi. Comment ne pas me demander, devant cette provocation, si je
ne suis pas un coeur de pierre où la vie ne pousse que pour
rapidement disparaitre. Si je ne suis pas envahi de ronces ? Mais
...si je ne suis pas questionné par cette parabole, comment même
pourrais-je me rendre compte que je pourrais être un de ces terrains
où les graines de vie tombent, pour rien.
Je peux à l'inverse être
sensible à cette histoire et tout de suite m'imaginer que et bien
oui, je suis de la bonne terre...moi... Mais alors est ce que par
hasard je n'aurais pas conclu trop vite ? Cette façon de se croire
de la bonne terre...cette absence de doute, n'est-elle pas le signe
que si ça se trouve, mais sans le savoir, je suis quand même un de
ces terrain finalement peu propice à la santé des plantes ?
Voilà donc une parabole,
qu'on ne la sente pas, ou qu'on la ressente, qui de toutes façons
risque de donner le tournis, et le tournis, mystérieusement être le début
d'un mouvement biblique bien connu qui s'appelle la conversion !
Jésus n'est pas que celui
que vous connaissez sur sa croix. C'était aussi un maître de
sagesse, qui enseignait à ses disciples la bonne nouvelle de Dieu en
la pratiquant lui même et en entrainant ses disciples à la
pratiquer aussi, et pour ce faire, il fallait d'abord changer,
changer de mentalité pour être prêt, à être meuble, être
disponible à recevoir la vie de Dieu avec nous, ce qui passe une
sensation de tournis.
Le semeur sème n'importe
comment.
Et sans que nous le
sachions, par notre simple ouverture d'oreilles "que celui qui a
des oreilles entendent " dit Jésus , ou en ouvrant les yeux,
par notre simple disponibilité , quelque soit le terrain que nous
imaginons être ou que les autres imaginent que nous sommes, cette
source de vie est jetée vers nous. Et elle peut pousser sur le bord
du chemin, elle peut résoudre le problème des cailloux - celui qui
est déjà allé dans le sud sait combien de végétations
différentes se débrouillent avec un sol pierreux, ou même des murs
de ciments, et combien de plantes se développent au milieu des
ronces en les narguant par leur déploiement.
N'importe qui peut devenir
de la bonne terre. Et la parabole se conclue par elle, au rendement
considérable, puisque chaque étape de ce nouveau bonheur d'avoir
été touché par le sens profond de notre vie s'appuie sur la
précédente et un cercle vertueux peut s'enclencher.
La bonne nouvelle
s'adresse à tout le monde, et à chaque moment de notre vie, quelque
soit notre condition ou nos croyances.
Le simple fait d'être
interpelé signifie qu'une de ces graines s'est déposé près de
nous. Aléatoirement ? Je n'en sais rien.
Je vous pose cette
question. Vous êtes assemblés ici, ce matin. Vous vous connaissez,
ou pas encore et en ce cas il vous sera proposé de faire
connaissance lors du pot de l'amitié juste après le culte.
Votre rencontre a t elle
été aléatoire ?
Je ne suis pas convaincu
du caractère aléatoire, randomisé, hasardeux, de votre
juxtaposition dans cette petite salle au coeur de Paris, ce matin.
Et j'en serai encore
moins convaincu quand je vous entendrai tout à l'heure, pas
inadvertance, n'imaginez pas que j'écoute tout, quand je vous verrai
échanger, entre frère et soeurs en Christ.
J'en arrive à me dire
que la bonne nouvelle de votre rencontre future a été déposée
devant chacun de vous , déposée d'une façon étrange par un Dieu
semeur absolument pas inquiet par sa façon de procéder, déposée
un jour, mystérieusement mystérieusement mystérieusement mystérieusement chacun de vous, occupé alors sans
doute à cultiver sa propre terre sans se douter de ce qui allait
pouvoir se passer, rencontrer un frère ou une soeur en Christ, et
faire résonner la bonne nouvelle que vous avez en commun, pas votre
louange, votre prière,votre écoute, votre compassion.
Et vous avez chacun laissé
cette graine, cette bonne nouvelle grandir, malgré les embûches,
la jachère. Jusqu'au point de la proclamer aujourd'hui, dans
l'assemblée des frères et des soeurs, jusqu'au point d'oser
proclamer par votre présence, par vos chants, la bonne nouvelle,
de votre amour fraternel et de votre engagement au service du
prochain.
Ce récit, cette petite
histoire, apparemment simple, invite chacun de nous à se demander si
près de nous n'a pas été déposée une semence de la bonne
nouvelle pour nous, pour que nous en prenions conscience, et que nous
aussi, nous nous épanouissions avec elle et rencontrions quelqu'un
devant qui elle a sans doute été déposée et qui peut-être n'a
pas pris le temps nécessaire pour la laisser se développer.
Merci à tous les témoins
qui témoignent comme vous d'un Dieu qui n'est pas une idée ou un
concept, mais une réalité qui peut agir avec nous pour nous
orienter, nous rendre notre bonheur éventuellement perdu et
peut-être nous inviter nous aussi à devenir des semeurs de la bonne
nouvelle de la vie de Dieu.
AMEN.
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