NE T'INQUIETE PAS (02 mars 2014)

LUC 12


1Sur ces entrefaites, la foule s'étant rassemblée par dizaines de milliers, au point que les gens s'écrasaient les uns les autres
4Je vous le dis, à vous, mes amis : ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus. (...)
11Quand on vous mènera devant les synagogues, les princes et les autorités, ne vous inquiétez pas de la manière dont vous présenterez votre défense, ni de ce que vous direz ; 12car l'Esprit saint vous enseignera au moment même ce qu'il faudra dire.



13Quelqu'un de la foule lui dit : Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. 14Il lui répondit : Qui a fait de moi votre juge ou votre arbitre ? 15Puis il leur dit : Veillez à vous garder de toute avidité ; car même dans l'abondance, la vie d'un homme ne dépend pas de ses biens.
16Il leur dit une parabole : La terre d'un homme riche avait beaucoup rapporté. 17Il raisonnait, se disant : Que vais-je faire ? car je n'ai pas assez de place pour recueillir mes récoltes. 18Voici, dit-il, ce que je vais faire : je vais démolir mes granges, j'en construirai de plus grandes, j'y recueillerai tout mon blé et mes biens, 19et alors je pourrai me dire : « Tu as beaucoup de biens en réserve, pour de nombreuses années ; repose-toi, mange, bois et fais la fête. » 20Mais Dieu lui dit : Homme déraisonnable, cette nuit même ta vie te sera redemandée ! Et ce que tu as préparé, à qui cela ira-t-il ? 21Ainsi en est-il de celui qui amasse des trésors pour lui-même et qui n'est pas riche pour Dieu.









MATTHIEU 6
22Il dit ensuite à ses disciples 
25C'est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez, ni, pour votre corps, de ce dont vous serez vêtus. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? 26Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment pas, ils ne moissonnent pas, ils ne recueillent rien dans des granges, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ? 27Qui de vous peut, par ses inquiétudes, rallonger tant soit peu la durée de sa vie ?
28Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement ? Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas ; 29et pourtant je vous dis que pas même Salomon, dans toute sa gloire, n'a été vêtu comme l'un d'eux. 30Si Dieu habille ainsi l'herbe des champs qui est là aujourd'hui et demain sera jetée au four, ne le fera-t-il pas à bien plus forte raison pour vous, gens de peu de foi ?
31Ne vous inquiétez donc pas, en disant : « Qu'allons-nous manger ? » Ou bien : « Qu'allons-nous boire ? » Ou bien : « De quoi allons-nous nous vêtir ? » 32— tout cela, c'est ce que les gens de toutes les nations recherchent sans relâche — car votre Père céleste sait que vous en avez besoin. 33Cherchez d'abord le règne de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît.
34Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain s'inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.







PRÉDICATION


" Ne vous inquiétez pas"...


Je n'étais pas là, quand Jésus parlait. Et c'est d'ailleurs une grande injustice que ni vous ni moi n'avons été là, parce que c'aurait bien de se faire une idée par nous même, du contexte dans lesquels il a dit toutes ces paroles.
Ah oui nous avons le contexte littéraire. Mais là je parle du contexte tout court. L'heure à laquelle il a parlé, le lieu, si c'était avant ou après un repas, - s'il s'était repris, s'il avait précisé sa pensée, s'il souriait, s'il parlait avec de l'ironie ou non... si des enfants l'interrompaient ou non, car il y avait du monde autour de Jésus, des hommes des femmes , des enfants.


Certes, nous n'aurions pas été forcément d'accord, mais nous aurions été unis par le fait d'avoir été là, d'avoir communié dans cette aventure qui a fini par un cul de sac, et puis non finalement.


Alors la prédication c'est fait pour ça , mettre du contexte autour de ces paroles car sinon ces paroles de Jésus qu'il a dites peut être avec des bourrasques de vent qui gommaient peut-être une syllabe sur deux, que ces paroles dites dans la terre quittent leur racines et s'envolent dans le ciel des idées et demeurent saintes, glacées, inaccessibles, magistrales, ou dogmatiques.






Alors, nous faisons avec les moyens que nous avons. D'abord le contexte littéraire.
Qui dessine un cadre qui va connecter, ou pas d'ailleurs avec notre cadre de vie à nous ici et maintenant. Dans l'évangile de Matthieu, le contexte est le sermon sur la Montagne. Mais pour Luc qui reprend ces paroles sur l'inquiétude, le contexte est différent. Alors oui aujourd'hui on va faire une fusion entre Matthieu et Luc.


Pour ce passage par exemple, j'imagine. Les disciples étaient inquiets. Et il y avait de quoi. Des milliers de gens s'étaient rassemblés pour écouter Jésus au point qu'ils se marchaient les uns sur les autres. Au point qu'ils pouvaient se demander eux les disciples de la première heure qui étaient les véritables disciples. Une atmosphère littéralement oppressante. Les pharisiens cherchent la bagarre. Mais tous ces gens. C'est inquiétant. Les disciples ont peur de ce qui va arriver, de toute cette foule - ce n'est jamais sympathique une foule, même si elle est favorable. Ils ont peur. Des pharisiens, mais peut être peur de ce qui va leur arriver demain. Je n'en sais rien. Je n'étais pas là. Mais je sais que si Jésus leur parle d'inquiétude, c'est qu'il a senti leur inquiétude.
La foule aussi, des dizaines de milliers, a peur aussi. Elle est là parce qu'elle est inquiète.


Et je crois qu'on ne peut pas comprendre ce texte sans se mettre de tous ces gens venus écouter Jésus , ou non, le mieux encore, de convoquer nos inquiétudes à nous ce matin. Sinon, si on se met pas en face de nos inquiétudes, on va entendre la parole de Jésus comme une dissertation théorique sur le thème de l'inquiétude et cela nous fera en fait ni chaud ni froid. Peut-être un vague frémissement intellectuel... et encore...


A moins que personne ici n'ait la moindre in quiétude.


Quand tout le monde se presse là, à se marcher les uns sur les autres, quand les pharisiens rodent, bref que le danger plane, Jésus en profite d'abord pour asséner à ses disciples que le problème n'est pas les gens, les favorables, les hostiles.
Et il assène à tous une parabole qui parle d'un homme riche qui amasse des biens et qui après avoir bien entassé dans ces greniers, juste au moment où il se dit " c'est bon, enfin je vais profiter" , il meurt. En gros, il a passé toute sa vie à s'inquiéter et cela n'a servi à rien. Jésus dit à la foule finalement qu'elle est comparable à cet homme riche.
Cherchant par tous les moyens à trouver un refuge pour ses lendemains.


Jésus en profite pour envoyer un message sur l'avarice, la cupidité qui dans ce contexte est une des formes de l'inquiétude.
Je suis inquiet du lendemain donc je capitalise, j'accumule, et je deviens un cupide angoissé.
Voilà ce que Jésus leur dit : il leur dit , ne vous inquiétez pas. Regardez plutôt le ballet des émotions qui tournent dans vos têtes.
L'homme riche de la parabole, c'est le symbole de l'angoissé.
Lui il a amassé du grain à faire exploser ses greniers, et vous , vous capitalisez votre angoisse, vous l'entassez. Le capitaliste - à distinguer du "flambeur" - c'est un angoissé du lendemain. Vous êtes comme lui, vous voulez que je vous rassure et bien non. Tout ce que je vous dis, chers disciples, et chère foule qui m'oppresse, c'est que c'est mieux de ne pas mourir après des années d'angoisse.
Je ne sais pas si cela a rassuré les disciples de la première heure ou tous ces gens. Qu'on leur dise que oui, il y a un danger de mort, mais que ce n'est pas grave...




Tout ce que je sais, c'est que je m'aperçois à travers ce texte que je faisais du profit avec tous mes sujets d'inquiétudes, comme si je refusais ma condition humaine basique, celle d'être nu, et celle d'être et bien oui, en danger de mort. Avec mon inquiétude, je me projette sur le lendemain - - et paradoxalement ça m'habille, ça me rassure. C'est dingue ce qu'on découvre = l'angoisse m'empêche de voir que je suis nu.


Jésus leur dit dit donc STOP.
Ne vous inquiétez de rien. Cherchez la justice. Vivez. Ne soyez pas les avares de la vie. Vous verrez, votre angoisse va fondre et une nouvelle chaleur va vous emplir. Vous allez être épatés du changement.
Vous valez plus que les moineaux qui d'une certaine manière se moquent de vous, bien que nus,
Regardez ce monde où un capitaliste tellement avide et angoissé serait capable de vous vendre la corde pour le pendre (comme dirait Lénine...) , les moineaux s'en moquent encore plus. C'est le monde de l'inquiétude. Elle fait vendre. Elle emmure. Elle habille. Elle n'aime que le lendemain. Vous êtes des accros aux lendemains.



J'espère vous avoir fait senti un peu l'ambiance présumée de ces paroles de notre Christ. A vous de continuer le chemin. J'espère que ça vous fera du bien.

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