NE REFOULEZ PAS VOTRE" SENTIMENT" ! (27 avril) ( VERSION DU 4 FÉVRIER 2018)
Jean
20.19-31
19Le
soir de ce jour-là, qui était le premier de la semaine, alors que
les portes de l’endroit où se trouvaient les disciples étaient
fermées, par crainte des Judéens, Jésus vint ; debout au milieu
d’eux, il leur dit : Que la paix soit avec vous ! 20Quand il eut
dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples se
réjouirent de voir le Seigneur. 21Jésus leur dit à nouveau : Que
la paix soit avec vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je
vous envoie. 22Après avoir dit cela, il souffla sur eux et leur dit
: Recevez l’Esprit saint. 23A qui vous pardonnerez les péchés,
ceux-ci sont pardonnés ; à qui vous les retiendrez, ils sont
retenus.
24Thomas,
celui qu’on appelle le Jumeau, l’un des Douze, n’était pas
avec eux lorsque Jésus vint. 25Les autres disciples lui dirent donc
: Nous avons vu le Seigneur. Mais lui leur dit : Si je ne vois pas
dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans
la marque des clous et ma main dans son côté, je ne le croirai
jamais !
26Huit
jours après, ses disciples étaient de nouveau dans la maison, et
Thomas avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient fermées
; debout au milieu d’eux, il leur dit : Que la paix soit avec vous
! 27Puis il dit à Thomas : Avance ici ton doigt, regarde mes mains,
avance ta main et mets-la dans mon côté ! Ne sois pas un incroyant,
deviens un homme de foi ! 28Thomas lui répondit : Mon Seigneur, mon
Dieu ! 29Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, tu es convaincu ?
Heureux ceux qui croient sans avoir vu !
30Jésus
a encore produit, devant ses disciples, beaucoup d’autres signes
qui ne sont pas écrits dans ce livre. 31Mais ceux-ci sont écrits
pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et
que, par cette foi, vous ayez la vie en son nom.
318
1,2,3,4 Toi
qui es lumière
PREDICATION
D'abord
que la paix soit avec vous.
Jésus
de cette façon salue ces disciples trois fois.
Ce
sera ma première partie.
Munie
de cette paix, qui m'a rendu libre, j'irai dans une deuxième partie
interroger Thomas, celui qu'on appelle le jumeau dit le texte, celui
qui n'était pas là lors de la première bénédiction, notre jumeau
peut-être, puisque nous non plus nous n'étions pas là lors de la
première bénédiction, et nous irons voir s'il a raison ou s'il a
tort, et si on peut continuer à dire : oh moi, je suis comme Saint
Thomas !
Enfin,
en envoi, je nous laisserai avec cette question de tous les autres
signes qui selon l'auteur de ce livre, n'y sont pas consignés dans
son livre. Vers quoi, l'idée d'une réserve de
signes, pourrait elle nous diriger ?
A.
Il
leur donne la paix, c'est comme cela que l'on faisait. Nous nous
disons bon-jour sans forcément penser que l'on souhaite "un bon
jour" à la personne à laquelle on s'adresse. Dans ce proche
orient, on se transmet la paix, et à mon sens, ici comme là-bas, il
y a une certaine nonchalance dans l'utilisation des termes.
Sinon, nos jours seraient tous bons, et la paix règnerait à
Jérusalem !
Cette
paix qui rend libre. Cette paix dont nous, aussi bien que les
disciples avons besoin, tellement l'existence est agressive. Un
combat quotidien dont chacun est le héros - pour réussir à
vivre, chacun de nous est un héros, le héros de sa vie, mais nous
faisons comme si ce n'était pas le cas. Un héros n'est pas
forcément victorieux, il peut être blessé, il peut être vaincu.
Mais pour un héros, la vie n'est pas que donnée, elle doit être
voulue. Et pour que cette vie voulue nous entraine vers quelque
chose de clair, il faut avoir la paix. Un vrai héros est en paix. Il
la demander, la diffuse, la transmet.
Jésus
leur transmet trois fois la paix. D'abord deux fois à tous sans
Thomas, puis huis jours plus tard, à tous les disciples, après
qu'ils ont été rejoints par Thomas, à qui ils avaient entre temps
parlé.
Moi,
lecteur de ce texte, je suis invité par la narration à considérer
que Thomas, c'est mon jumeau et qu'avec lui, j'ai une connexion
particulière. C'est comme si je l'entendais penser, comme si je
ressentais ce qu'il ressent. Comme si je l'entendais penser...
Au
début je ne suis pas là. Il se passe des choses sans que j'en ai
conscience. Ce dont je n'ai pas conscience moi Thomas, c'est que les
autres sont en train de recevoir la paix, de recevoir l'esprit. Je
n'ai pas conscience des nouvelles choses en train de se passer.
Ensuite,
je les revois et ils me disent qu'il est venu. Je leur réponds que
je ne suis pas prêt d'y croire. Mais je vois qu'ils ont changé
depuis la dernière fois que je les ai vus. Ils étaient tremblants
et déçus, les voilà je dirais comme avant, sûr d'eux-mêmes, à
tel point que cela me gène, ils semblent être devenus illuminés.
Moi
Thomas, j'en suis à me demander si ce n'est pas la dernière fois
que je vais les voir tout à l'heure. Et bien que ce soit mes frères,
mes compagnons, je les quitterai définitivement, je préfèrerai ma
réalité à leur fiction.
Thomas
n'avait pas encore conscience que cette préparation était
nécessaire pour qu'il puisse,trouver et retrouver une assemblée
en paix, inspirée et inspirante. C'est pour cela que cette
double bénédiction était crucialepour qu'il puisse Thomas trouver
de la joie et de l’espérance,
de la force après la catastrophe. Et surtout la paix.
Ecoutons
le penser une dernière fois : Moi Thomas, ou moi son jumeau,
celui qui le suit à la trace écrite, je n'irai pas prendre pas
part à une Eglise dont je n'aurais pas préalablement
senti la cohérence et l'harmonie.
Quittons
la vue subjective, repassons à une formulation plus courante mais
poursuivons le chemin de Thomas. il veut voir pour croire. Et il a
raison. Mais ce qu'il veut vraiment, c'est éprouver. Il ne veut pas
d'une religion des idées. Il veut voir la grâce de Dieu.
Jésus réapparaît.
Il lui donne la paix ainsi qu'à toute cette assemblée désormais
rassemblée.
Thomas
le voit, mais ce qu'on comprend maintenant c'est que ce qu'il voulait
vraiment,était toucher. Jésus offre ses mains. Et Thomas touche ses
mains et s'exclame : "Mon Seigneur et mon Dieu".
Jésus
ensuite dit une béatitude sur ceux qui plus tard croiront sans avoir
vu.
Mais
je m'interroge. Existeront ils ceux là ? S'agit-il de nous ?
Certes nous n'aurons pas vu le Christ, mais si nous avons cru, n'est
pas ce pas parce que nous aurions senti, éprouvé, touché, la
grâce de Dieu ?
Nous
avons cru parce que nous en avons été convaincus par notre
sentiment, que je réhabilite dans sa vieille version : celle qui
parle de sentir. Nous avons éprouvé du sentiment religieux, qui a
fait que nous sommes devenus croyants. C'est une belle expression, le
sentiment religieux. Ce doit être un sentiment qui en appelle à
tout notre être, physique, mental, intellectuel, tactile, social,
comme si tout notre être, tout de nous devait devenir sensible pour
éprouver ce sentiment religieux. J'aimerais
le Seigneur de toute mon âme, de toute ma force, de toute ma pensée
et on pourrait ajouter de toutes mes mains, de tous mes yeux, de
toute ma peau et de toute ma sensibilité.
Thomas,
notre double n'est vraiment pas différent de nous, face à Dieu, il
lui faut du sentiment dans l'acception classique et ancienne de ce
terme, incluant la sensation, y compris la sensation dite
spirituelle.
L'épreuve
du sentiment, qui est la seule à même de mettre Dieu dans notre
dimension.
Personne
ne croit sans avoir d'une certaine manière, « senti » la
réalité de Dieu. En réalité personne n'a jamais cru sans avoir
vu.
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Abordons
maintenant notre dernier point. Ces textes sont riches de sens passé
et futur. On dirait, pour ceux qui les pratiquent qu'ils sont
inépuisables, qu'il y a toujours de la réserve.
Et
dans cet esprit que l'épilogue de Jean est le meilleur épilogue des
évangiles.
On
dira que Jean adresse à ses lecteurs ce message subliminal :
Vous
êtes émerveillés de
ce récit, vous l'avez vu, ce Christ, s'approcher de vous à travers
n'importe laquelle des personnes qu'il a rencontrée, et toi,
lecteur particulier, tu as compris que tu n'étais pas différent de
tous ces gens, car à chaque fois tu éprouvais ce qu'ils pouvaient
éprouver, tu en as brassé de l'humanité, et la tienne aussi, tu
l'as traversée avec ces figures de mendiants, de disciples, de
scribes, de femmes, de prophètes et d'enfants.
Ces
récits sont venus raconter ta vie et ta vie vie peut en écrire la
suite, juste avec ton souffle et ta conviction, mais comme dans les
évangiles, avec la présence de la parole de Dieu et de son
Christ.
Tu
as entendu et vécu et compris tout cela à travers le parcours
méditatif de mon évangile.
Mais
il y a plein de choses que je ne t'ai pas racontées, et que j'ai
éprouvées, une multitude de signes que tu ne pourras pas apprendre
en lisant tous les évangiles de monde. Les autres signes seront sur
ta route, à condition simplement de les voir, de les toucher, de les
comprendre, de les prendre avec toi. Tu n'as pas à les chercher. Tu
n'as qu'à les voir. Ils sont en réserve.
Ce
que Jean dit dans son épilogue, chargé de la sensation préalable
de toute cette paix qui a été distribuée, et après la découverte
que nous sommes Thomas et devons le rester, parce que nous
éprouverons toujours avec cette attitude la réalité de Dieu, ce
que Jean dit vraiment à ses auditeurs et lecteurs c'est "ouvrez
les yeux" "tendez votre main" . Ne refoulez pas votre
sentiment. AMEN.
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